Le 20 janvier 2019
Une série B nerveuse et courte, dans laquelle l’action prime sur tout. Impeccable.


- Réalisateur : Don Siegel
- Acteurs : Robert Mitchum, William Bendix, Ramon Novarro, Jane Greer, Patric Knowles
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 1h11mn
- Box-office : 73 042 entrées France / 62 175 P.P.
- Titre original : The Big Steal
- Date de sortie : 28 août 1953

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– Année de production : 1949
– Sortie du DVD : 21 septembre 2004
Résumé : Le lieutenant Halliday est injustement accusé d’un vol de plusieurs centaines de milliers de dollars à l’armée. Poursuivi par le capitaine Vincent Blake, Halliday se met à la poursuite du véritable voleur, Jim Fiske, en compagnie de Jane, la petite amie de ce dernier.
- © RKO Radio Pictures - Film Noir Films. Tous droits réservés.
Notre avis : L’un des premiers films de Siegel, longtemps cantonné au montage, montre déjà l’efficacité brutale qu’on célébrera plus tard dans ses grandes œuvres, efficacité ici souriante et badine, malgré les morts qui s’accumulent à la fin. Mais Ça commence à Vera Cruz, s’il ne se prend pas au sérieux, se fonde sur deux principes majeurs : la poursuite et la duplicité. La poursuite, puisque le métrage ne raconte que cela : Blake chasse Halliday qui, en compagnie de Jane, chasse Fiske à travers le Mexique. L’enjeu, une somme d’argent dérobé, compte peu face ce mouvement perpétuel, pure énergie dépensée sans compter : quand tous les personnages se retrouvent dans le même lieu, il n’y a plus qu’à conclure. Pas de gras ici : le film dure à peine 1 heure 10, et rien ne le ralentit. Siegel travaille sur le principe même du cinéma, le mouvement. Certaines séquences semblent d’ailleurs s’inspirer du slapstick, tant les voitures et les animaux défilent en accéléré selon un rythme aussi trépidant qu’improbable ; il faut dire que Siegel, tout à son souci de nervosité, ne s’embarrasse ni de détails ni de psychologie. S’il utilise la supposée placidité des Mexicains, c’est pour un trait d’humour ou un élément de retard : ainsi de ces travailleurs qui se laissent attendrir par une fable de Jane et empêchent Blake de passer sur une route en travaux. Pour le reste, rien ne vient ralentir cette course effrénée, pas même les répliques sarcastiques qui sont prononcées pendant l’action, rarement à part.
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Deuxième motif majeur, la duplicité affecte tous les personnages : Holliday se fait passer pour Blake, Blake joue un double jeu, Fiske a roulé Jane, et Jane elle-même s’invente un père cruel. Quant à l’inspecteur Ortega, sa faconde est de pure façade, il n’est dupe d’aucun des protagonistes. Petite parenthèse émue : Ortega est interprété par Ramon Novarro, qui fut une vedette du muet (le Ben-Hur de 1925, c’est lui). Si chacun dissimule et trompe, c’est que le monde selon Siegel se résume à un théâtre d’ombres, mû par des désirs qui deviennent obsessions. Les personnages ne sont pas fouillés, ils ne sont qu’énergie tendue vers un but unique. Peu importent leur identité véritable, leur franchise passagère (Jane et Holliday sont tout surpris de se croire mutuellement) ou leurs mensonges fondamentaux : comme le dit Blake dans l’une de ses premières répliques, « on n’a pas le temps ». Alors le cinéaste les regarde s’épuiser en une agitation fébrile, avec aux lèvres un sourire narquois qui ne peut que séduire.
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