Chronique d’un jour d’été
Le 23 août 2010
Splendeur de la photo en noir et blanc, sensualité exacerbée, touche de dérison existentiealiste et sacralité documentaire : une éblouissante ode à l’été romain par le trio Moravia - Pasolini - Bolognini.


- Réalisateur : Mauro Bolognini
- Acteurs : Lea Massari, Jean Sorel, Jeanne Valérie, Rik Battaglia, Paolo Stoppa, Valeria Ciangottini, Isabelle Corey
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Durée : 1H42mn, réduite ensuite à 1H29mn
- Titre original : La giornata balorda
- Date de sortie : 4 janvier 1961
- Plus d'informations : http://www.film.tv.it/gallery.php/f...

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– Sotie en Italie : 16 octobre 1960
Splendeur de la photo en noir et blanc, sensualité exacerbée, touche de dérison existentiealiste et sacralité documentaire : une éblouissante ode à l’été romain par le trio Moravia - Pasolini - Bolognini.débridée : une éblouissante ode à l’été romain par le trio Moravia - Pasolini - Bolognini.
L’argument : Davide, jeune homme des quartiers populaires de la périphérie de Rome, est sans emploi. Pour épouser la jeune Ivana, mère de son enfant, il part à la recherche d’un travail.
- La giornata balorda (Bolognini 1960)
Notre avis : Récemment et magnifiquement restauré, La giornata balorda éblouit d’emblée par la splendeur presque terrassante de sa photo noir et blanc signée Aldo Scavarda et par la virtuosité de la composition des plans et des mouvements de caméra.
La scène d’ouverture est proprement magistrale : un lent et majestueux travelling observe, en une saisissante contre-plongée, le théâtre d’une cour d’immeuble populaire entourée de balcons où s’affairent les ménagères, la musique dissonante (jazzy minimaliste) de Piero Piccioni ne s’arrêtant que brièvement, au moment où la caméra passe sous une traverse, pour laisser place au cri d’un brocanteur et à quelques échanges verbaux. Le même travelling, inversé, sera repris à la fin, clôturant la journée d’errance du protagoniste à la recherche d’un emploi dans une Rome estivale écrasée de chaleur.
Les étapes de sa pérégrination, entre l’EUR et la plage de Fregene, sont pour le trio de scénaristes, Bolognini-Pasolini-Moravia, l’occasion de développer autant de saynètes aux tonalités variées : bouffonnerie morbide imprégnant l’épisode du cadavre abandonné dans la chambre mortuaire, vague atmosphère policière dans l’épisode du trajet en camion pour livrer une marchandise qui ne doit pas tomber aux mains de la police, satire sociale dans celui du chantage exercé sur l’homme d’affaires peu scrupuleux, savoureusement incarné par Paolo Stoppa, ou lors de la confrontation du prolétaire et de la haute société oisive, (une séquence à l’atmosphère quelque peu antonionienne).
- La giornata balorda (Bolognini 1960)
La giornata balorda est inspirée des recueils de nouvelles Racconti Romani et Nuovi racconti Romani de Moravia dont on reconnaît la note de dérision existentielle, voire de cynisme ( la bague du cadavre), omniprésente mais contrebalancée par la sacralité documentaire pasolinienne et le bonheur manifeste de Bolognini à déployer les fastes de sa mise en scène. Celle-ci célèbre les beautés conjuguées de l’été, de Rome et des corps de ses jeunes actrices et acteurs, le parcours initiatique du protagoniste prenant l’allure d’un rituel dionysiaque.
- La giornata balorda (Bolognini 1960)
- La giornata balorda (Bolognini 1960)
- La giornata balorda (Bolognini 1960) - affiche allemande