Brigitte : Nues - Effeuillage sentimental au son du #balancetadouceur

L’accueil chaleureux de Sylvie Hoarau et Aurélie Saada est à l’image de ces deux âmes tendres et sincères.
Bonne ondes, bonnes vibrations, un silence religieux s’impose à l’écoute intimiste de leur dernier opus Nues.
Ça s’annonce comme un voyage musical au mythique Palladium où les Miss nous promettent qu’on écoutera du Rock’n roll sur des vieux hits à la gomme pour se passer de l’homme absent, celui qui quitte, abandonne, se fait la malle.
Le ton est donné...
La maturité des sentiments semble avoir pris le dessus sur la légèreté et l’insouciance dont Brigitte nous avait abreuvés dans ses albums précédents.
On sent qu’il y a eu des écorchées au passage quand Aurélie Saada écrit le titre Carnivore à propos de cette blonde qui te pique ton mec … et toi, tu attends dans ta caverne, suppliant le mâle pour qu’il revienne.

Sylvie Hoarau et Aurélie Saada

Photo : Nelly Portal

Et pour toute forme de résilience, comme pour mieux se relever, Brigitte de balancer maladroitement sa Morsure à qui l’approchera.
Solidarité féminine oblige, elle se transforme pour nous en Wonder Woman aux onguents musicaux cicatrisant avec ses titres Sauver ma peau et Le goût du sel de tes larmes, s’inspirant aussi de Zelda Fitzgerald icône féministe ballottée par son mari d’écrivain jaloux et manipulateur.
En peu de mots Professeure Brigitte nous enseigne toute la complexité de la nature humaine - balancée entre raison et corps intrépides - dans Tom Boy manqué : "La nuit tous les cœurs sont pris, mais tous les corps sont là".
Elle nous parle aussi d’un (...) intime étranger , ce père que l’on perd, dont on pensait que ses défauts l’auraient suivi dans sa tombe et qu’ils nous laisseraient enfin en paix, sans se douter qu’ils rejailliraient sur leur progéniture...
Il y a également cette magnifique déclaration d’amour à notre capitale sur fond de trompettes triomphantes dans le petit jeu du chat et de la souris, du "quitte moi je t’aime, aime moi je te fuis"… Paris ! (Aurélie ayant passé un an aux États-Unis, la capitale lui aurait-elle manquée ?).
C’est une promenade musicale qui n’y va pas par "deux" chemins, comme ses jumelles chanteuses au regard franc et puissant... un vrai bombardement de bienveillance, de douceurs aux influences variées : du disco au classique, des sonorités orientales inspirées des poétesses troubadours au piano de Véronique Sanson dont l’essence de Michel Berger plane non loin de là.
Charnel et sensuel, mordant autant qu’apaisant, organique et orgasmique classieux, cet album est pour nos petits cœurs malmenés et blessés, mis à mal et mis à Nues par la vie, et nos oreilles saturées de sons faciles et fades, une ballade enchanteresse rassurante dans l’univers féminin merveilleux de Brigitte.
Se dévoilant jusqu’au bout, Aurélie Sadaa et Sylvie Hoarau nous offrent aussi un recueil familial avec la participation de leurs enfants sur les chœurs de certains titres.
La vie n’est pas un si long fleuve tranquille que ça et pourtant il devient un conte heureux aux bras de cette petite troupe.
Pour sûr vous écouterez cet album jusqu’au bout de la nuit à vous en rendre Insomniaque - mais à en rire - comme l’un des titres de leurs chansons - très drôle - et qui vous réconciliera avec ce trouble du sommeil.

* 2011 : Et vous, tu m’aimes ?, 2012 : Encore, 2014 : A bouche que veux-tu, 2015 : 1 chef d’orchestre, 12 cordes, 3 cuivres et une flûte (reprise de titres en version orchestrale), 2017 : Nues