Le 21 février 2019
Le triomphe pop de Supertramp. Un album calibré pour le succès, mais certainement le meilleur du groupe.
- Date de sortie : 29 mars 2019
Sortie le 29 mars 1979
Notre avis : Qui pouvait se dire fan de Supertramp, en 1979 ? Les punks ne voulaient pas même entendre parler d’eux, les thuriféraires de la musique progressive méprisaient le groupe qui singeait leur style favori, les puristes de la pop déploraient un affadissement du genre incarné par certains artistes et ils citaient volontiers Supertramp. Bref, le groupe de Davies et Hodgson, ça a été toujours la tête de Turc d’un peu tout le monde, et pour les plus sévères, l’incarnation d’une forme d’easy-listening, qui s’invite encore sur des radios dont la réputation est ringarde et qu’on ne citera pas, pour ne pas offenser Nostalgie.
Il n’empêche : des millions de gens ont acheté leurs albums et particulièrement Breakfast in America, qui fut notamment numéro 1 en France, où Supertramp a toujours bénéficié d’un bon accueil. Le triomphe de cet opus attestait-il d’une absence de discernement artistique ? Autant que d’une certaine aisance à produire des mélodies qui vous restent en tête une bonne partie de la journée : dans le peloton de tête, figurent évidemment The logical song, Goodbye stranger, la chanson éponyme de l’opus Breakfast in America et Take the long way home. Quatre tubes et autant de très bons morceaux où l’alliance des aigus de Hodgson et des graves de Davies n’a jamais aussi bien fonctionné, pour brosser la description acide de l’Amérique post-Nixon, qui s’apprête à plonger dans le néo-libéralisme des années 80. Fric, frime, et filles.
Copyright Mike Doud and A&M, 1979
Ainsi, Gone Hollywood raconte le voyage d’un ambitieux qui se rend à Los Angeles, dans l’espoir de devenir une star, mais se heurte à de grandes difficultés. Et encore, on sait que Rick Davies a modifié les paroles pour leur conférer un optimisme qui traverse cet album en trompe-l’oeil : car même sur le très populaire Breakfast in America, où les voix des deux chanteurs se répondent façon Lennon-McCartney, le portrait des USA fracture la population entre winners et losers, les premiers sont ceux qui s’exhibent, les autres sont ceux dont on se moque. Evidemment, les paroles n’atteignent pas la profondeur sociologique d’un Springsteen période Nebraska, mais on aurait tort de ne voir dans ces délicieuses sucreries que d’insipides chansons à fredonner sous la douche. Car si le son Supertramp n’a jamais semblé aussi onctueux, parfait équilibre d’harmonies vocales, de swing électronique et de tempo moderato, il s’autorise quelques incursions plus jazzy, à travers les contrepoints du saxophoniste John Helliwell. Qui s’offre son plus magnifique solo sur l’ambitieux Child of vision, dernière chanson de cet album, reléguée comme le fut en son temps l’extraordinaire Fool’s overture. Que serait-il advenu de Breakfast in America si Supertramp ne l’avait pas autant calibré pour le succès ? Question à quatre millions d’exemplaires. Le triomphe pop US de cette année 79.
Breakfast in América, [Supertramp] (A&M), 1979.
1. Gone Hollywood 5:19
2. The Logical Song 4:07
3. Goodbye Stranger 5:46
4. Breakfast in America 2:37
5. Oh Darling 3:43
6. Take the Long Way Home 5:08
7. Lord Is It Mine 4:08
8. Just Another Nervous Wreck 4:22
9. Casual Conversations 2:56
10. Child of Vision 7:24
Copyright Mike Doud and A&M, 1979
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ramirezarkamel 7 mai 2019
Supertramp : Breakfast in America - la critique de l’album
Je suis fan des supertramp ce groupe mythique d’antan qui a marqué mon adolescence.
François Roque 22 juillet 2019
Supertramp : Breakfast in America - la critique de l’album
C’est hélas plus son succès qui le rend important que sa petite poignée de tubes qui montrent plus le début de la fin du groupe. La suite ne sera que déception, après le départ de Roger Hodgson. Le seul mérite de cet album aura été de faire connaître à un plus vaste public cet excellent groupe et surtout ses 3 albums précédents, très nettement au dessus, « Crime of the Century » (1974), « Crisis ? What Crisis ? » (1974) et « Even in the Quietest Moments… » (1977) avec sa dernière piste fleuve de 10 minutes « Fool’s Overture » ; tout Supertramp est dans ces 3 albums. Ce groupe aura eu un destin comparable à 10CC, litteralement vampirisé par leur méga tube planétaire “I’m Not In Love”, composé de 4 songwriters et producteurs hors pairs (ils avaient créé le mythique Strawberry Studios) qui vont se séparer, après avoir livré tout le concentré d’une pop d’une incroyable luxuriance en 3 albums : « The Original Soundtrack » (1975), « How Dare You ! » (1976) et « Deceptive Bends » (1977).