Bonne Nouvelle - la critique

Etape parisienne dans la série des récits de voyages intimes de Vincent Dieutre.

L’argument : Nous sommes à Paris, près des Grands Boulevards, dans les premiers mois du XXIe siècle. Il y a les rues qui s’animent, s’éveillent et s’endorment, l’alignement des immeubles, les cours, les passages. Un destin se dessine, par fragments. Les bribes douloureuses ou tendres d’une vie passée là, vers le métro Bonne Nouvelle, nous sont révélées par trois voix. Doucement, elles nous invitent à arpenter une autre géographie du quartier, plus secrète, plus intime.

Notre avis : C’est le film parisien dans la série des essais - journaux intimes de Vincent Dieutre. Il filme son quartier, celui où il habite depuis vingt ans : un premier panoramique circulaire depuis la station Bonne Nouvelle découvre le Rex, la perspective des Boulevards Poissonnière et Bonne Nouvelle ... Un autre plus tard nous montrera les toits de Paris du haut de la Porte Saint Denis. Nous voyons les Boulevards par les vitres d’une voiture, la nuit, des SDF couchés sur le trottoir, des passages où circulent des gens, quelques plans de l’appartement. Dieutre apparaît lui même caméra à la main ou couché dans un recoin de la Porte Saint Denis, la tête sur sa caméra.

Le monde convoqué ici est un monde parfois diurne, plus souvent nocturne, auquel trois voix , celle de Dieutre et deux féminines, donnent résonance et profondeur. Elles ébauchent le roman d’une vie à la première ou à la troisième personne : textes « littéraires » mais qui disent sans détours le sexe, la drogue, la brutalité du monde, l’espoir insensé et le retour au quotidien.
Les époques se mêlent : le réveillon du troisième millénaire, mai 81... Les images étant toujours celles du présent de 2001.
Comme dans ses autres films Dieutre part de l’expérience intime, de récits de rencontres, ou plutôt de pertes - ces hommes dont on découvre qu’on les a aimés lorsqu’on sait qu’on ne les reverra jamais plus - et parvient en même temps à saisir une époque, ou plutôt des époques qui, elles aussi, ne peuvent se raconter qu’au passé.
La magie du verbe et de sa rencontre improbable avec les lieux filmés opère une fois de plus dans ce journal où le proche - Paris - n’est pas plus familier que le lointain des films de voyage - Berlin, Buenos Aires.

– Disponible dans le coffret DVD quatre films de Vincent Dieutre