La légende
Le 10 mai 2006
Onze albums en dix années. Ou comment le duo Bob Marley/Chris Blackwell a révolutionné à jamais le reggae.
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Onze albums en dix années. Ou comment le duo Bob Marley/Chris Blackwell a révolutionné à jamais le reggae.
Catch a fire, 1973
Quand Chris Blackwell, directeur du label Island - célèbre pour ses succès avec Cat Stevens, Traffic, King Crimson - signe avec les Wailers, son plan est simple : mixer le reggae de façon à ce que les Occidentaux ne subissent pas un choc culturel trop important. Son deuxième plan est de présenter l’affaire comme un groupe de rock noir, d’où The Wailers. Conçu comme un vrai album et non pas comme une collection de 45 tours - pratique traditionnelle en Jamaïque - Catch a fire, par ses qualités mélodiques et harmoniques mais aussi par les thêmes abordés, est le premier classique du reggae. Les opprimés ont désormais la parole et vont montrer au monde blanc leur réalité et leur version de l’histoire (Concrete jungle, 400 years). Justice donc, et amour aussi (ou sexe, c’est selon), deuxième grand thême de la musique reggae, avec la très friponne Kinky reggae. Merci de me contacter si vous voulez m’offrir le vinyle original, en forme de Zippo s’ouvrant sur le disque et des flammes en carton.
Pour en savoir plus sur cet album, cliquer ICI]
Burnin’, 1973
L’album s’ouvre sur l’hymne aujourd’hui universel de tous les opprimés de la terre, Get up, stand up. C’est I shot the sheriff, chanson sur la violence policière, qui révèlera au grand public les Wailers et le reggae grâce à la reprise de Clapton. Les arrangements rock font encore ici merveille et si l’album est de très bonne facture, pour les Wailers, c’est celui de la fracture. Après la tournée, Peter Tosh et Bunny Wailer quittent le groupe pour des questions artistiques et financières. Chris Blackwell ne les retient pas vraiment.... Bob à une nouvelle casquette, celle de Captain reggae et son bateau part à la conquête du monde.
Natty dread, 1974
Le premier album de Marley en solo est un coup de maître, de génie et sur la tête, même après plusieurs écoutes. Difficile de trouver quelques défauts à ses compositions débordant de sa foi rasta et de ses convictions anti-babylone. Il appelle à la révolution, rappelle que les bourgeois sont rassasiés quand le peuple a faim. Il livre donc quelques standards de la lutte chantée (Lively up yourself, Revolution, Them belly full) et une perle de tendresse qui nous a permis d’approcher nos premières conquêtes pendant les booms, No woman no cry. Un must.
Live !, 1975
Premier des deux lives officiels de chez Island, Live ! est enregistré à Londres en juillet 1975. Il reprend des titres des trois premiers albums et la version public de No woman no cry, diffusée sur toutes les radios, propulse Marley star mondial. Outre le fameux "Jaaahhh ! Rastafari" qui ouvre le concert et est depuis repris dans pas mal de situation de la vie de tous les jours, on reste halluciné à l’écoute de la machine à danser que forme les Wailers et par la voix électrisée de Marley, semble-t-il dopée aux good vibes des spectateurs. Le succès est là, et pour toujours.
Rastaman vibration, 1976
Nouvel album studio et nouveau coup de maître. Il égratigne une fois de plus les puissants qu’il faut chasser de la ville (Crazy baldheads) et les hypocrites qui peuvent se cacher parmi vos meilleurs amis (si si, Who the cap fit). Bob entame son disque par deux hymnes fédérateurs (Positive vibration, Roots rock reggae) et met en musique un discours très humaniste du leader éthiopien Haïlé Sélassié (War), personnage que les rastas prennent pour le messie, pour finir par un Rat race superbement triste. Les harmonies du trio vocal féminin les I-Threes ajoutent à l’ensemble une douce mélancolie en particulier sur le touchant Johnny was. Captain Bob va bientôt tomber la casquette pour une couronne.
Exodus, 1977
Attention, chef-d’œuvre ! Enregistré à Londres en pleine vague punk, l’album est quasiment un deux fois cinq titres. La première face est militante et ancrée dans les thématiques rastas alors que la seconde transpire l’amour que Bob - Rabbit - Marley partage à l’époque avec une superbe Jamaïcaine blanche. Si Bob est à Londres, c’est qu’il a essuyé une tentative d’assassinat sur sa personne à la Jamaïque. Exodus renvoie donc à l’exode du peuple noir dont il est principalement question ici, mais aussi, en filigrane, exil de Bob, en Angleterre donc. Côté musique, l’album s’ouvre en crescendo sur le mystique Natural mystic (facile), et enchaîne les morceaux d’anthologies jusqu’au paroxystique Exodus. Sur la "Love-side", que des tubes avec pour mémoire, Jamming (vous connaissez ?), One love et Three little birds. Elu (accrochez-vous bien) "meilleur album du XXe siècle" par le magazine américain Time. Un roi est consacré, et il ne s’appelle pas Charles.
Kaya, 1978
Toujours à Londres, Marley surfe la vague en livrant une suite au phénoménal Exodus avec un album plus léger en apparence mais les très mélancoliques Running away, Time will tell nous forcent à tempérer ce jugement. Une fois de plus, Bob recycle ses vieux tubes d’avant Island en enregistrant une dernière fois Satisfy my soul, Sun is shining et Kaya. Is this love est un énorme tube et Marley est la première superstar mondiale issue du tiers-monde, bien avant Mimie Mathy.
Babylon by bus, 1978
Deuxième et dernier album live sorti du vivant de notre héros, cet enregistrement vous fait frissonner des pieds à la tête dès les premières notes. Et jusqu’aux dernières. Le public, français paraît-il, est déchaîné, Marley à la pêche des grands soirs et les solos de guitare de Junior Murvin, l’homme au pantalon blanc, sont aussi nombreux qu’essentiels. Un inédit, cerise sur ce gâteau déjà bien calorique, le titre Punky reggae party qui célèbre l’union des jeunesses punk et rasta. Idéal pour les matins difficiles.
Survival, 1979
C’est le dernier chef-d’œuvre de Marley et des Wailers. A l’aube des années 80, Marley décide d’envoyer un message d’espoir à l’Afrique. Entièrement composés de titres originaux, Survival (baptisé à l’origine Black survival) appelle à l’unité de l’Afrique au travers de titre comme Zimbabwe et offre à Bob Marley un triomphe moral et commercial. C’est à la suite de la gigantesque tournée internationale que le rêve de Marley va s’exaucer, jouer enfin en Afrique.
Uprising, 1980
Le dernier opus que sortira Bob Marley de son vivant. Les Wailers viennent de se séparer de leur escroc de manager Don Taylor et Bob commencent à être sérieusement diminués. Au final le groupe doit jongler entre la maladie de son leader, les diverses pressions et les prises studio. Uprising est évidemment brillant d’un bout à l’autre (notamment avec l’étonnant Could you be loved qui inondera bientôt les discothèques entre Claude François et Dalida). Mais les fans retiendront évidemment la puissance des deux titres qui clôturent l’album. Le cri d’amour de Marley pour Jah (Forever loving Jah) et son chant d’adieu en forme de testament Redemption song.
Confrontation, 1983
Pour les ignorants, lorsque que sort cet album posthume en 1983, Bob Marley est encore vivant. Confrontation regroupe des titres qui avaient été écartés lors des enregistrement de Survival et de Uprising (comme Buffalo soldier et Rastaman live up). Relativement anecdotique, l’album tente de tout de même de consoler des fans qui pleurent leur dieu parti beaucoup trop tôt.
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