Catch a fire

Les Wailers montent leur première marche du succès planétaire et Marley se rapproche un peu plus de l’universalité.

L’album par lequel tout est arrivé : l’explosion du reggae sur la scène internationale et la reconnaissance de Bob Marley. Voyage dans la machine à remonter le temps pour découvrir Catch a fire, prototype du reggae roots, avant que Chris Blackwell, patron de Island Records, ne formate le style au goût des fans de rock.
Les trente premières secondes de l’album sont un monument à elles toutes seules. L’introduction de Concrete jungle, d’un suspense rare pour un morceau reggae, semble être l’initiation d’un voyage qui s’avère mélancolique et lascif. Vient la basse, d’une lourdeur peu commune, puis la voix de Bob Marley, déchirée et déchirante.
Les huit titres suivants sont de la même veine. Sombre, menaçant, l’album est un chef-d’œuvre hypnotique et sensuel. Mystique même, tant les chœurs semblent émaner d’une chorale gospel (Stir it up, No more trouble), tant la voix grave et chaude de Peter Tosh nous paraît être celle d’un prédicateur (400 years, Stop that train). Les solos de guitare (Stir it up, Concrete jungle) et le jeu du clavier (Midnight ravers), impeccables aérations à la pesanteur ambiante, nous convainquent un peu plus que cette musique est un parfait cocktail des cultures noires et blanches.
Des années plus tard, le poète et roi du talk-over, LKJ (Linton Kwesi Johnson), déclara à propos de Catch a fire : "Il a créé à lui tout seul un nouveau type de musique jamaïcaine. Au lieu de mettre l’accent sur le couple basse-batterie, le mixage de cet album est plus aigu, moins lourd. Catch a fire est peut-être le premier album de reggae « anglais »". Si LKJ le dit...