Le 22 mai 2018
- Réalisateur : Pif
Pierfrancesco Diliberto, dit Pif, connu en Italie en tant qu’humoriste, est passé par Paris pour présenter son long-métrage Bienvenue en Sicile. Nous l’avons rencontré.
aVoir-aLire : Bonjour Pierfrancesco. En France, nous sommes nombreux à te découvrir avec Bienvenue en Sicile puisque ton premier film n’a pas été distribué ici, est-ce que tu le savais ?
PIF : Oui, je l’ai appris, mais je ne saurais pas l’expliquer alors qu’il y a un lien cinématographique très fort entre l’Italie et la France. A titre personnel, je trouve mes racines artistiques dans des comédies qui se sont faites en collaboration entre les deux pays, avec des acteurs comme Philipe Noiret qui ont beaucoup travaillé des deux côtés de la frontière.
aVoir-aLire : Dans ton premier film, La mafia uccide solo d’estate, il était déjà question de la mafia. Est-ce un sujet qui te tient personnellement à cœur ou est-ce que –on ne s’en rend peut-être pas compte en France– c’est quelque chose d’incontournable en Italie ?
PIF : J’ai grandi à Palerme, donc entouré au quotidien par de nombreuses histoires sur la mafia sicilienne. Et à côté de ces histoires, qui s’inscrivaient dans une réalité très dure, je voyais au cinéma une autre réalité qui était celle des films, très romancés. Dès que j’ai pu, j’ai voulu raconté ma réalité, c’est-à-dire ma vision de la situation en Italie.
aVoir-aLire : Mais ton film prend le parti-pris de se situer en pleine Seconde Guerre mondiale. Avant même de penser aux éléments comiques que tu allais y ajouter, est-ce que tu avais des références en termes de film de guerre ?
PIF : Non, ce n’est pas du tout mon genre de prédilection. L’idée était vraiment de reconstituer cette période où les deux forces en présence étaient le fascisme et l’Église pour montrer comment la mafia a réussi à prendre le contrôle avec l’aide des Américains. Il y a par exemple, dans ce jeu de pouvoir, l’opposition entre les statues et cette histoire vraie que j’ai voulu raconter dans le film, celle de cet homme qui parlait à la statue de Mussolini comme d’autres parlaient à leur statue de la Vierge. Mon idée était vraiment de collecter toutes ces anecdotes de l’époque pour en tirer une comédie.
aVoir-aLire : Le choix de raconter cette page d’histoire, qui a vu l’émergence de la mafia, te semblait-elle nécessaire pour la dénoncer ?
PIF : Si cette histoire trouve un écho particulier aujourd’hui, c’est davantage à cause du comportement pragmatique des Américains. Leur façon de penser que « l’ennemi de notre ennemi est notre ami », c’est celle qu’on a pu revoir, entre autres, pendant la guerre en Afghanistan. Voir les Américains prendre appui sur leurs alliés mafieux, c’est aussi comprendre pourquoi, depuis, ils n’ont jamais cessé de légitimer ce pouvoir et y collaborer en niant son caractère criminel. Cette mentalité de tolérance, c’est ce qui a permis tout ce qu’on a aujourd’hui, et c’est pour ça que la traiter me paraissait important.
aVoir-aLire : L’autre thématique que j’ai trouvé très abouti dans ton film, c’est celle de la motivation, qu’elle soit patriotique ou romantique, qui mène les hommes jusqu’au champ de bataille. Comment l’as-tu abordée ?
PIF : En essayant de rappeler que la vie est toujours une question de choix, et en l’occurrence faire le choix entre l’historique et l’intime.
aVoir-aLire : Comment, à partir de sujets aussi graves que la guerre et à la mafia, as-tu réussi à construire une comédie, et même une comédie romantique ?
PIF : Cette dimension romantique était justement une excuse pour aborder le fait politique. On parle toujours de faits réels, comme par exemple le fait que l’armée italienne utilisait des aveugles comme un radar. La plus grosse difficulté était de trouver l’équilibre entre la comédie et cette réalité tragique sans jamais dépasser les limites de l’un ou de l’autre, ni dans mon écriture ni dans le jeu des acteurs. Mon grand espoir est d’avoir trouvé cet équilibre.
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