Belfagor le magnifique - la critique du film + le test DVD

Notre avis : Troisième film de Scola, Belfagor le magnifique ne fait pas partie de ses œuvres majeures, la farce médiévale, bien qu’elle ait été un succès, n’appartenant pas aux genres dans lesquels il puisse exercer sa subtilité ; de fait, la farce est assez lourde, affaiblie par une intrigue squelettique qui n’est pas sans évoquer, en mode burlesque, Les visiteurs du soir. Mais là où Carné prenait très au sérieux la rédemption des suppôts de Satan, Scola propose une vision énorme du combat éternel du Bien contre le Mal. S’il soigne décors et costumes en un faste auquel la copie ne rend pas justice, il laisse surtout Gassman et Rooney (dans un rôle proche de son Puck dans Le songe d’une nuit d’été) cabotiner à outrance ; ils grimacent, sautent, crient, ricanent, chutent avec un entrain contagieux et constamment excessif. Autant dire que le spectacle est permanent, malgré des effets spéciaux rudimentaires et des gags patauds.

Un film de plaisir pur, donc, loin des œuvres profondes à venir, mais au passage Scola égratigne les mœurs de son temps : la passion du football (séquence hallucinante, avec les femmes délaissées pour le ballon rond !), pruderie et mariage hypocrite, imbécillité des foules, vanité : tout y passe sans insistance, mais avec une bonhomie décomplexée. Ce sont les meilleurs moment d’un métrage qui emprunte plus au slapstick qu’au roman de chevalerie : les bagarres en particulier donnent lieu à un déferlement de coups exagérément bruités et de gestes caricaturaux. Scola est d’ailleurs plus intéressé par ces outrances que par la rencontre amoureuse largement sacrifiée.

Belfagor le magnifique manque de rythme et d’ambition, il est parfois confus et poussif et sa musique agace, la chose est entendue. Mais les amateurs de cinéma italien, ceux de Vittorio Gassman, ne rateront pas cette farce joyeusement immorale, aussi anodine que plaisante.

Les suppléments :
Outre la longue bande-annonce des films de la collection, le DVD propose un entretien avec Stéphane Roux qui revient sur la carrière de Scola et la réception du film, entretien intéressant mais très bref (9mn).

L’image :
Pas de restauration en vue : parasites divers, couleurs changeantes selon les séquences et qui bavent parfois, image instable … Vraiment pas terrible.

Le son :
La VO a gardé de sa vivacité malgré un doublage approximatif, malgré des coupures, des stridences désagréables et des passages confus. La VF est pire, avec des voix vieillies et un bruit de fond perceptible.