Brève rencontre
Le 7 août 2014
Le premier volet de la trilogie romantique de Linklater est un petit bijou et révèle la complicité du cinéaste avec ses acteurs.
- Réalisateur : Richard Linklater
- Acteurs : Ethan Hawke, Julie Delpy
- Genre : Romance
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 29 mars 1995
- Festival : Festival de Berlin 1995
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– Ours d’argent au Festival de Berlin 1995.
L’argument : Jeune Américain de passage en Europe, Jesse aborde Céline, étudiante française, dans un train entre Budapest et Vienne. À Vienne, il lui demande de descendre pour l’accompagner dans une visite de la ville pendant les 14 heures qui le séparent du décollage de son avion pour les États-Unis. Amusée, peut-être séduite, Céline accepte.
Notre avis : Premier volet d’une trilogie romantique qui comprendra aussi Before sunset (2004) et Before Midnight (2013), Before sunrise fut présenté au Festival de Berlin où il obtint le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Déjà auteur de Génération rebelle (1993), le jeune cinéaste confirmait une sensibilité et entamait une démarche qui allait culminer près de vingt ans plus tard avec le génial Boyhood. Le film fut pourtant accueilli assez tièdement à l’époque. On loua certes la fraîcheur du produit et le talent de ses interprètes, mais Before sunrise était assimilé à ce qu’il était convenu d’appeler désormais une « comédie romantique » avec ses bons sentiments, ses paysages touristiques et son aspect lisse rassurant. On relevait que le réalisateur tentait de concilier un cinéma pour midinette avec des ambitions d’artiste indépendant, tentant de prolonger la démarche d’un Woody Allen avec un casting plus jeune et des préoccupations contemporaines. Si l’on isole Before sunrise de ses deux suites, on est en effet charmé par une bluette supérieure à la moyenne et surtout caractérisée par la finesse de ses dialogues, mais qui pourrait paraître superficielle. Mais cette (fausse) superficialité est précisément la griffe de Linklater qui, à l’instar d’un Ophuls, se plaît à filmer la légèreté pour mieux cerner les failles et le mal-être de ses personnages. Réunis dans un train puis parcourant une Vienne de carte postale, Jesse et Céline vont apprendre à se connaître et réaliseront que leur flirt de vacances cache en fait un amour fou, qui risque de les marquer à vie.
Le film est bâti sur une succession de dialogues révélant la personnalité et les motivations des deux jeunes gens, leurs gestes et actions contredisant parfois leurs dires, Before sunrise s’inscrivant ici dans la lignée du meilleur cinéma de la parole, de Pagnol à Rohmer. Les personnages secondaires (le couple d’Allemands, dans le train, le poète, la cartomancienne) ne sont ici que des toiles de fond utiles à cerner Jesse et Céline, filmés en longs plans-séquences, et que la caméra ne quitte quasiment jamais. On ignorait à l’époque que le film serait suivi de deux épisodes, tournés chacun à neuf ans d’intervalle, et dans lesquels l’auteur radicalisera sa démarche et se montrera de plus en plus profond. Le spectateur qui a vu chaque segment l’année de sa sortie aura réalisé une expérience unique de cinéma, ayant grandi ou vieilli avec les acteurs et leurs personnages suivis sur deux décennies. Ceux qui découvrent la trilogie et commencent donc par Before sunrise seront fascinés par le dispositif d’un cinéaste américain majeur. Julie Delpy et Ethan Hawke semblent littéralement fusionner avec leurs rôles. La jeune actrice que l’on était habitué à voir dans des œuvres sombres signées Tavernier ou Kieslowski déployait un talent à la Katharine Hepburn. Elle forme ici avec Ethan Hawke un des plus beaux couples de cinéma des années 90.
– Lire la critique de Nicolas Bardot pour Before sunset.
– Lire la critique de Jean-Patrick Géraud pour Before Midnight.
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