Le 4 mai 2018
Une charmante comédie inspirée des modèles américains, et portée par l’interprétation sublime de Danielle Darrieux.
- Réalisateur : Henri Decoin
- Acteurs : Danielle Darrieux, Julien Carette, André Luguet, Jean Tissier, Claude Dauphin
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ciné Alliance
- Editeur vidéo : Gaumont DVD
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 1er février 1940
- Festival : Festival de Cannes 2018
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Résumé : Aristide (Saturnin Fabre) enseigne dans une drôle d’école « l’art de la fauche », élevant des malheureux au rang de pickpockets professionnels. Yves (Julien Carette) et la jeune Arlette (Danielle Darrieux), tous deux à la rue et sans famille, y postulent en même temps. Mais si l’un présente de réelles aptitudes, l’autre éprouve les plus grandes difficultés à dépasser son honnêteté. Sa première victime, un ambassadeur (André Luguet), la prend en flagrant délit et lui propose un marché : trouver la preuve de l’infidélité de sa femme. Arlette accepte le défi et tombe sous le charme du séduisant Pierre de Rougemont (Claude Dauphin).
Critique : Battement de cœur marque la troisième collaboration entre Danielle Darrieux et Henri Decoin, alors son époux, et qui l’avait dirigée dans le drame Abus de confiance et la romance Retour à l’aube. Danielle Darrieux venait d’être sollicitée à Hollywood où elle avait tourné la comédie La Coqueluche de Paris de Henry Koster. Henri Decoin, qui avait observé les techniques de ses confrères américains et s’était passionné pour les scénarios écrits aux États-Unis, avait souhaité réaliser lui-même une comédie en s’inspirant de ces modèles. Le couple revenu en France, ce fut chose faite. Le scénario de Battement de cœur a été coécrit par Max Colpet, dramaturge allemand ayant fui le nazisme, et qui avait déjà participé à l’écriture de Mauvaise graine de Billy Wilder, premier film important de la carrière de Darrieux. Le récit de Battement de cœur est une merveille de légèreté et d’ironie mordante.
Sans pouvoir parler d’esprit subversif (le happy end avec mariage est de rigueur), les situations évoquées sont plutôt audacieuses pour l’époque, comme l’a montré Clara Laurent dans la biographie Danielle Darrieux, une femme moderne : on y voit une jeune fille évadée d’une maison de correction accepter une formation de pickpocket, avant d’envisager un temps un mariage blanc pour sortir de sa condition, tandis qu’un réseau d’escrocs agit en toute impunité. Même si l’humour désamorce certaines noirceurs, les auteurs sont aussi habiles dans la peinture des inégalités sociales, opposant l’opulence d’une bourgeoisie blasée (le couple formé par André Luguet et Junie Astor) à la précarité de Clara et ses pairs, qui ont davantage leur sympathie. La mise en scène de Decoin, gracieuse et élégante, se réfère comme on l’a dit aux classiques de la comédie américaine des années 30 : un vol dans le tramway fait écho aux larcins commis par Miriam Hopkins dans Haute pègre d’Ernst Lubitsch, quand les quiproquos entre Arlette et Pierre font songer aux rapports entre Katharine Hepbun et Cary Grant dans L’Impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks.
Le film est enfin porté par l’interprétation grandiose de Danielle Darrieux, à la fois sobre et expressive, mélancolique dans le bonheur ou légère dans les situations dramatiques, et autour de laquelle le film avait été monté. Mais certains de ses partenaires méritent aussi l’attention, surtout les sarcastiques Carette et Jean Tissier. On sera par contre plus réservé sur d’autres acteurs, le cabotinage de Saturnin Fabre ou la raideur de Claude Dauphin supportant mal le verdict des années. Et quelques chutes de rythme, ainsi qu’un dénouement bâclé, empêchent une réussite totale : on peut ainsi préférer Premier rendez-vous, basé sur une trame voisine, et que tourneront un an plus tard Darrieux et Decoin. Sorti en février 1940 pendant la « drôle de guerre », Battement de cœur fut un triomphe commercial qui consolida le statut de star de Danielle Darrieux. Et la célèbre « charade » qu’elle fredonne de sa voix mélodieuse fut un hit considérable.
– Cannes Classics 2018
– Une présentation Gaumont. Restauration 2K en association avec le CNC. Travaux image effectués par Eclair, son restauré par L.E. Diapason en partenariat avec Eclair.
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