Fight club
Le 7 juin 2005
John King continue l’exploration de son domaine de prédilection, les bandes de hooligans, enivrées de nationalisme et de mauvaise bière. Un roman sans fioritures, placé sous le signe de la quête d’identité et du malaise social.
- Auteur : John King
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Anglaise
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Vous avez aimé Football factory ? Vous aimerez Aux couleurs de l’Angleterre ! John King n’est pas du genre à prendre de gants ou à faire dans le détail. Ce qui l’intéresse, c’est la radiographie des prolos anglais qui se métamorphosent en brutes sanguinaires les jours de championnat. Ceux qui s’entassent dans les tribunes avec le même maillot sur le dos et qui attendent d’en découdre avec les supporters du club adverse après avoir bu vingt bières et gobé quelques cachetons. Là, c’est le noyau dur du Cop de Chelsea qui décide de traverser la Manche, direction Amsterdam, avant de rallier Berlin pour assister (nous dit-on) à un match opposant l’Allemagne à l’Angleterre.
Ces types n’ont qu’une idée en tête. Défendre coûte que coûte les couleurs du drapeau national. La traversée en ferry n’est que le prélude de leur entrée en guerre. Il ne faut pas se faire repérer par les douaniers, éviter de se faire coffrer, tout en affirmant haut et fort son identité. Leur identité, parlons-en. Croix de Saint Georges, chants patriotiques, esprits échauffés par des litres et des litres de bière, crâne rasé et Doc Marteens... Le but est de poser le pied sur le vieux sol d’Europe, une Europe dans laquelle ils refusent de se laisser engloutir tant ils estiment l’Angleterre à part, unique, indépendante. La première halte a lieu à Amsterdam, royaume des putes et des coffee shops, un rêve pour ces jusqu’au-boutistes de la défonce. De l’autre côté de la Manche, la télé diffuse leurs exploits et les batailles rangées contre les flics mettant la ville à feu et à sang.
Fidèle à lui-même, John King s’immisce au cœur de ce noyau de supporters fanatiques, tente d’en expliquer la démarche, évidemment sans l’excuser. La critique, c’est par la voix d’un ancien combattant qu’elle s’exprime le mieux, rescapé de la dernière guerre, un pauvre type qui était des soldats ayant débarqué en Normandie en 1944. La vision de ce déchaînement de violence à la télé le dégoûte. Entrer en guerre n’a rien à voir avec ça. C’est le tableau d’une génération perdue, sans espoir, sans idéaux, qui incarne la honte d’un pays fier de son passé. John King n’ayant pas pour habitude de faire dans la dentelle, il ne déroge ici pas à la règle. Il signe un texte brut, violent, impitoyable. Car, pour reprendre le titre d’un de ses romans précédents, c’est "une meute" que nous suivons, sans états d’âme et sans pitié.
John King, Aux couleurs de l’Angleterre (England away, traduit de l’anglais par Alain Defossé), Ed. de L’Olivier, 2005, 378 pages, 21 €
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