Le 13 août 2020
Un dialogue en forme de porte d’entrée, pour comprendre l’œuvre la plus nébuleuse de Jean-Luc Godard. Passionnant !


- Réalisateur : Jean-Luc Godard
- Auteur : Youssef Ishaghpour
- Collection : Verdier Poche
- Editeur : Verdier
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 18 juin 2020

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Résumé : Un entretien passionnant entre le cinéaste Jean-Luc Godard et le critique, essayiste et philosophe Youssef Ishaghpour autour d’un des objets cinématographiques le plus radical du cinéaste : {Histoire(s) du cinéma}.
Critique : Divisé en quatre épisodes, Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard est sans aucun doute un des objets filmiques les plus novateurs, mais aussi l’un plus nébuleux du réalisateur et de la production moderne.
En effet, ces quatre épisodes, divisés eux-mêmes en deux sous-parties, racontent son histoire du septième art, à travers des collages d’images tirés de films, sur lesquels le metteur en scène ajoute des extraits sonores, tirés d’autres films, afin de créer un dialogue et développer sa pensée. Il s’agit également de susciter toute une réflexion philosophique, culturelle et politique, grâce au cinéma et surtout à l’image.
C’est de ce postulat de départ que part le cinéaste et le philosophe Youssef Ishaghpour pour décrypter Histoire(s) du cinéma et en proposer une lecture plus accessible, ou du moins aider à la réflexion les spectateurs un peu perdus devant un tel projet. S’il ne fait aucun doute qu’après 1968 la production de Jean-Luc Godard devient beaucoup plus expérimentale ou encore moins conventionnelle qu’avant, dans sa forme, avec Histoire(s) du cinéma, il pousse un peu plus les limites du genre pour proposer sa grande œuvre théorique. Cependant, même s’il s’agit d’un film passionnant, il n’en reste pas moins parfois abscons et déstabilisant comme ont pu l’être depuis Adieu au langage ou, plus récemment, Le Livre d’image, et c’est en cela que ce dialogue est intéressant, car les questions posées par Youssef Ishaghpour permettent au metteur en scène de développer sa pensée et d’expliciter ses choix. A la lecture de cet échange, qui date de la fin des années 90, la production de Godard acquiert une toute autre dimension, puisque ce dernier prend le temps d’évoquer la genèse de son projet, et d’expliquer le cheminement de sa pensée.
Pourtant, très rapidement, Histoire(s) du cinéma devient un prétexte, pour les deux intellectuels, à parler des grands bouleversements du XXe siècle. Il y est notamment question de la Seconde Guerre mondiale et de la montée du nazisme, mais aussi de la révolution russe, ou encore d’Hiroshima. Il s’agit aussi d’insister sur ce que les réalisateurs auraient dû faire, en réaction à ces tragédies.
Néanmoins, même s’il montre les limites du cinéma, ce dialogue n’en reste pas moins une déclaration d’amour au septième art tout à fait passionnante.