Africa shrine

La musique comme acte politique. La famille Kuti en a fait son cheval de bataille. À la fin des années 60, à l’instar du grand Bob Marley, la voix et le saxophone de Fela Kuti résonnaient aux oreilles de tout un peuple, celui du Nigeria, comme un espoir de liberté et de justice. Son fils, Femi, viendra rejoindre le combat en 1978 en intégrant, en tant que saxophoniste, la mythique formation de son père, Egypt 80.

Femi met presque dix années pour s’affranchir du lourd héritage paternel. Il crée sa propre formation, la Positive force, et aboutit à une première consécration en signant en 1994 avec la Motown et sort dans la foulé un premier album. Livrant sa propre conception de l’afrobeat, Femi Kuti se retrouve trois années plus tard, suite à la mort de son père, avec la lourde responsabilité de reprendre le flambeau et de continuer le combat. S’en suivront deux magnifiques albums Shoki Shoki en 1999 puis Fight to win en 2001.

Loin de la production exceptionnelle de ses deux précédents galettes, Femi Kuti vient cette fois-ci nous percuter de plein fouet en nous livrant, après trois ans de travail, onze nouvelles compositions enregistrées en live dans les murs mythique de l’Africa Shrine. Salle de concert la nuit, centre d’aide social le jour, le Shrine est un lieu de vie, d’instruction civique et politique. Une sorte de mémoire collective confinée en un seul lieu. Alliant un funk ancestral, les rythmiques traditionnelles africaines, les spirales hypnotiques et la force des cuivres, la musique de Femi Kuti vient rencontrer un public survolté. Mais la grande force de cet afrobeat est l’équilibre que Kuti arrive à trouver entre la rage et la sensualité. Une performance absolue des musiciens, alliée à un esprit festif et militant. Un marathon qui permet de mieux comprendre les appels du pays le plus peuplé d’Afrique.