A song about a girls

Depuis le beau et fantasque I paint pictures on a wedding dress, on avait un peu perdu de vue Zita Swoon, peut-être volontairement d’ailleurs. Car leur exigeant mélange de rock, pop, blues, folk et jazz, foisonnant mais parfois brouillon, avait pour paradoxe de fatiguer une oreille pourtant irrémédiablement intriguée. Pour A song about a girls (titre étrange, qui révèle une fausse naïveté et une simplicité revendiquée), Stef Kamil Carlens a fait fi de tout ça. Ce disque baigne dans une atmosphère laidback qui sied parfaitement aux nouvelles compositions du songwriter. Car ici, le garçon a tout pris en charge (paroles, musique et production) à l’exception des arrangements laissés à un groupe recruté spécialement pour le disque. On y retrouve entre autres un percussionniste formé à l’école cubaine et des chœurs féminins qui donnent un swing nouveau à la musique de Zita Swoon, de même qu’un indéniable relief au disque.

Surtout, pour la première fois, Stef Kamil Carlens ose chanter en français, et c’est une drôle de réussite, si l’on excepte le fade duo avec Axelle Red De quoi a besoin l’amour ?. Sur Intrigue, il sonne comme un Higelin sous analgésiques, et sur l’exceptionnel blues cabossé Sad water, ses mots mal assurés et ses syllabes appliquées sont un régal pour les oreilles françaises. Comme il l’explique lui-même, le fait de ne pas être sûr de soi en écrivant dans une langue étrangère (le français ou l’anglais pour lui) permet de belles inventions involontaires et procure un charme naïf puisque partant d’une démarche sincère. On ne saurait mieux dire.