Quand la guerre éclate, Tomi a neuf ans. Orphelin de père, petit dernier d’une famille de quatre enfants, il vit déjà pour et par le dessin. A partir de ses archives personnelles, il reconstitue aujourd’hui ce qu’était la vie pour un jeune Alsacien, dans sa région annexée par l’Allemagne nazie.

Illuminés par le personnage indomptable de la mère, reine du stratagème, capable de toutes les fourberies pour préserver sa nichée, les souvenirs de Tomi Ungerer avancent au rythme de l’enfance, dans ces années "absurdes et tragiques" de germanisation forcée. Tout change, il faut porter un autre prénom, parler allemand, apprendre à écrire en gothique, imaginer comment dessiner un Juif… Mais chez les Ungerer on résiste tant qu’on peut. On parle français, Tomi écrit son journal en français et dessine, dessine, gamin formidablement doué, soutenu et encouragé par le cercle familial. Émaillé de portraits, de caricatures, de scènes de la vie quotidienne (arrestations, pillages, soldats en goguette), le récit de Tomi Ungerer forme un extraordinaire document historique. Il dit aussi combien l’amour qui unit cinq personnes peut les aider à traverser les pires épreuves.

Léger comme l’enfance et lourd comme la guerre. Années de plume, années de plomb. Un livre magnifique et indispensable.

Tomi Ungerer, A la guerre comme à la guerre, L’École des Loisirs, coll. "Medium", 2002, 115 pages, 11 euros
A partir de 12 ans (nous en recommandons la lecture aux adultes aussi, très chaleureusement)