Le 15 novembre 2018


- Scénariste : Naoki Urasawa>
- Dessinateur : Naoki Urasawa
- Genre : Chronique sociale, Conte
- Editeur : FUTUROPOLIS
- Date de sortie : 23 août 2018
Après notamment Jirô Taniguchi, Hirohiko Araki et Taiyô Matsumoto, c’est au tour du génial Naoki Urasawa, créateur de Monster, 20th Century Boys, Pluto et autre Billy Bat, de livrer sa vision de mangaka du Louvre.
À Tokyo, Takashi Kamoda a une petite fabrique de sandales. Sur les conseils de certains de ses collègues, il décide, pour la première fois, d’effectuer une fausse déclaration d’impôts. Un contrôle fiscal plus loin, son entreprise est saisie. Gagnant une croisière de luxe en Méditerranée lors de la tombola des commerçants du quartier, son épouse le quitte et part voguer avec un autre. Il se retrouve alors à transformer sa fabrique pour effectuer en grande quantité des masques à l’effigie d’une candidate aux élections présidentielles américaines, projet pour lequel il s’endette. Aux abois, seule sa fille, bienveillante et attentive à ses faux pas, lui permet de rester accroché à la vie. Obsédé par un signe qu’il voit dans différents endroits de la ville, comme par la présence d’un corbeau, il suit ce dernier… Désormais pour le meilleur ou une nouvelle fois pour le pire ?
Dans ce premier tome - d’un dyptique - difficile à résumer, Naoki Urasawa enchaîne des événements, le plus souvent tragicomiques, qui paraissent anecdotiques mais qui, placés bout à bout, constituent une trame haute en couleur, totalement farfelue et passionnante. Le grand mangaka entremêle folie et agencement habile, thriller et poésie et il se joue des clichés que véhicule la France. Il ajoute à tout cela une pincée d’histoire et de politique (François Mitterrand et la construction de la pyramide du Louvre), mais également une belle tendresse avec la figure de la fillette obligée de devenir la béquille de son père afin que celui-ci ne largue pas totalement les amarres le rattachant au réel.
Si cette aventure est déroutante, le sens de l’imagination, de l’observation (en particulier au Louvre), des associations d’idées et de la construction du récit (l’utilisation des ellipses est exemplaire) lui donnent unité et profondeur. C’est un peu comme si Lewis Carroll écrivait une histoire, qu’Alfred Hitchcock la mettait en scène et que les Monty Python s’emparaient de l’objet final pour le retoucher à leur guise.
Oui, assurément, Urasawa continue de creuser un sillon surprenant et singulier.
144 pages - 20 €