A few steps more

Là réside tout le paradoxe (et pour certains le charme) de Stereolab, et a fortiori de Monade : une chanteuse française, qui affiche haut les particularismes de son pays d’origine et ose un anglais de 4e renforcée, séduit un public britannique tout d’abord sensible au côté kitsch et décalé de la chose, avant de devenir carrément accro à ce groupe hors du commun. Stereolab (dont une anthologie va paraître dans les jours à venir) devient alors culte en Grande-Bretagne... et demeure raillé en France. Les quelques médias rock influents tentent de dénoncer une quelconque supercherie, n’hésitant pas à se moquer ouvertement de Laetitia et de sa façon de chanter la bouche grande ouverte.

Ils se repentiront quelques années plus tard devant l’évidence de la classe de Stereolab, matérialisée par une musique intemporelle et des disques qui ne connaissent pas l’usure du temps. Et de toute manière Laetitia Sadier s’en contrefiche, car cela fait belle lurette que son parcours rectiligne la comble. Elle se sent même tellement en confiance qu’elle s’attaque à un projet plus personnel, Monade, qu’elle lance avec Rosie Cuckston (Pram) avant d’en prendre seule les rênes pour un premier album (Socialisme ou barbarie, 2003) relativement lo-fi. Aujourd’hui sort A few steps more le bien nommé, qui propose justement à l’auditeur d’accompagner Monade pour quelques pas de plus, sans s’éloigner trop du point de départ.

Bénéficiant d’une production bien plus ample, ce second album n’apporte rien de particulièrement neuf sous le soleil, hormis ce cocorico en forme de clin d’œil évoqué plus haut. Mais on éprouve un réel plaisir à redécouvrir cette pop music fraîche et atypique qui baigne dans les synthés vintage (le Moog est encore une fois l’invité vedette) et les guitares légères, et qui illustre à merveille ces textes tantôt naïfs, tantôt graves. Un album qui prend donc tout naturellement place aux côtés de ceux de Stereolab et qui ravira les amateurs avertis.