38 témoins - Lucas Belvaux - critique

Critique : Lucas Belvaux, cinéaste belge rigoureux, adapte le roman de Didier Decoin, Est-ce ainsi que les femmes meurent ?, qui reposait sur un réel fait divers survenu aux États-Unis dans les années 60. L’adaptation transpose le récit au Havre, en 2012.
L’histoire repose sur le point de vue de quelques habitants et policiers. De la victime ou de son meurtrier, on ne saura rien. Le propos du cinéaste ne se situe pas dans l’univers de l’énigme policière, mais dans le registre de la moralité, avec une intention qui lorgne vers la philosophie. Le récit se concentre particulièrement sur un couple déjà en crise avant les faits, Louise et Pierre Morvand (Sophie Quinton et Yvan Attal). Elle était absente pour son travail lors de la funeste nuit, en transit depuis Shanghai, lui dit d’abord qu’il était encore au port à l’heure présumée du crime : il est pilote portuaire pour des porte-conteneurs.
Une journaliste locale (Nicole Garcia) va tenter d’interroger les habitants qui vont l’éconduire plus ou moins poliment.
Malheureusement, ce film, lent, n’est qu’une longue succession de dialogues trop écrits, reposant avant tout sur les états d’âme des protagonistes plutôt que sur la manière dont ils ont réellement passé cette nuit. Le tout avec des acteurs à qui l’on a plus demandé de poser, de manière quasi théâtrale, à défaut de jouer. Cette impression est confortée par des postures figées dans la plupart des scènes : les acteurs, statiques, ne font rien, ils dissertent. Le talent des interprètes ne réussit pas à effacer cette inertie.
Ce film ennuyeux sur un sujet délicat aurait sûrement pu être percutant autrement et autrement percutant !