2010 : Rétrospective d’une année record pour le box-office français

Vous aimez les chiffres ? Vous allez être servis. Les voici commentés par distributeur...

Les enfants vont bien et vont au cinéma ! Les plus grands aussi. Avec 206.5 millions d’entrées, le box-office national bat des records de fréquentation en 2010, réalisant le score le plus haut depuis 1967 où les 211 millions avaient été atteints ! Malgré le piratage, la VOD, les DVD et l’explosion du blu-ray, le cinéma demeure en temps de crise la sortie favorite des Français qui sont surtout allés voir des films américains. Alors que l’équipement en projecteur numérique s’est développé (1800 salles sont concernées, soit 26% des établissements), on remarquera l’affluence des films en 3D, 24 contre 16 en 2009. Ils représentent 16% de l’exploitation nationale cette année, soit 33 millions de spectateurs. Avatar et Alice au pays des merveilles sont les deux champions toutes catégories dans le domaine.

Le Numéro 1 de l’année : Harry potter et les reliques de la mort (Warner !). Il arrivait au 4 janvier à 5.600.000 spectateurs, damant le pion aux Petits mouchoirs, numéro 2 annuel que personne n’attendait aussi haut (près de 5.3M).

Parmi les succès originaux, Inception (encore warner, machine à hits avec aussi Le choc des titans, Sex and the city 2, Valentine’s day, Sherlock Holmes, Invictus) est 3e avec 4.9M. Pas mal pour un film réservé à un public adulte. Notons aussi la comédie romantique L’arnacoeur avec Vanessa Paradis et Romain Duris. Elle arrive 9e avec 3.7M d’entrées ; elle se retrouve un peu isolée au milieu des suites et autres remakes : Alice au pays des merveilles (4.5), Toy story 3 (seulement 4.3 quand Ratatouille flirtait avec les 8M), Camping 2 et Twilight 3 (tous deux à 3.9M).

Toujours dans l’originalité, on saluera les succès matures d’Invictus (3.1M alors que le film a échoué lamentablement aux USA), Des hommes et des dieux (3M pour une oeuvre au sujet austère, saluée par la critique mondiale et gratifiée d’un grand prix à Cannes), Shutter Island (3M). C’est un beau doublet pour Leonardo Di Caprio, star incontestable de l’année avec 8M de spectateurs qui l’ont applaudi, puisqu’il est aussi dans Inception.

Toujours au niveau des cartons, le studio Disney a fait mouche presque à chaque fois. Outre le Pixar Toy story 3 et le Tim Burton pourtant raté, le distributeur a su faire d’une animation à l’ancienne l’un des 10 plus gros cartons de l’année (La princesse et la grenouille, 9e), sans oublier les 3.3 millions d’entrées de la princesse Raiponce qui est le succès du mois de décembre et des fêtes de Noël. Bons scores également pour Prince of Persia (2.1) et L’apprenti sorcier (1.6) alors que ces deux films d’été s’étaient ramassés lamentablement aux States. C’est simple, en seulement 7 films, Walt Disney Studio se classe en 3e position des distributeurs de l’année, talonnant de très près la Fox qui compte 17 films, mais loin derrière Warner, numéro 1 mondial avec 25M d’entrées rien que sur notre territoire !

Pour la Fox, s’il n’y avait pas eu le phénomène Avatar, l’année aurait été un brin décevante (mais pas désastreuse comme aux USA où tous les films Fox sauf Avatar et Black swan ont été des déceptions). Le plus gros succès du studio en France est Le monde de Narnia 3. Jolie revanche pour la franchise qui est à 2.5M d’entrées grâce aux fêtes de Noël et une carrière sur la durée. Le film entre toutefois à peine dans le top 20 de l’année. Night and day, souffre-douleur de la critique et du public aux States s’en sort pas trop mal avec 1.755.000 fans de Tom cruise et d’action à l’ancienne. Deux autres films Fox peinent à se hisser dans le top 40 et sont des semi-échecs : le décevant Percy Jackson (1.2 pour lancer une nouvelle franchise, c’est faible) et L’agence tous risques (1.1, quelle belle déception mondiale, celui-là). A côté de ces gros films, la Fox a sorti à peu prêt tout et n’importe quoi : Crazy night, Predators, Wall Street 2, Unstoppable pour des scores presque respectables et une flopée de sorties techniques ou de nanars (Marmaduke, Journal d’un dégonflé, Post-Grad...).

Bonne année pour Paramount même si Shrek 4 a déçu (mais avec 4.5M, peut-on appeler cela une déception ?). La major a cartonné avec Shutter island, Iron man 2 (2.5), Dragons (2.2). Les échecs du studio auront été Megamind (à peine 1 million) et Lovely Bones (même pas 300.000 pour le réalisateur du Seigneur des anneaux, la looze !) et à un moindre niveau Le dernier maître de l’air (1.1) dont le potentiel français n’était pas très élevé de toute façon. In the air et Paranormal activity auront également assuré à un moindre niveau (environ 750.000 tickets chacun).
Toujours parmi les majors, Universal est 6e de l’année, derrière EuropaCorp, premier groupe français du top 10 ! A part Moi, moche et méchant (presque 3M), le mythique Universal a surtout dû compter sur ses productions françaises, L’arnacoeur mais aussi Fatal (1.1) pour faire du gain. Robin des bois aura tout de même cartonné (2.2) malgré un désintérêt patent outre-Atlantique. A côté, les productions made in USA se sont abîmées en cours de route Wolfman a aboyé (330.000) et Repo men, L’éclair noir, Thérapie de couples, American trip, Scott Pilgrim, Les yeux de Julia sont totalement passés inaperçus, surtout le dernier, quasiment retiré de l’affiche en 15 jours. Seul Sexy dance 3 et sa team de 919.000 danseurs a assuré comme prévu !

Du côté des Français, EuropaCorp s’en sort mieux que tout le monde. Après un début d’année minable (les flops de Adèle-Blanc Sec, 1.6M ; le désastreux From Paris with Love, 329.000 ; L’immortel, 1.1M pour un budget de plus 20M d’euros ! ; sans oublier Michael Yoün en Coursier, 258.000), le studio s’est octroyé quelques beaux succès au dernier trimestre : Les petits mouchoirs, 2e de l’année ; Arthur 3, certes pas le triomphe des précédents opus, mais tout de même 3M, L’homme qui voulait vivre sa vie (1.1M) ; Un balcon sur la mer (près de 700.000).
Numéro 1 en 2008, 3e en 2009, 7e en 2010... Plus dure sera la chute pour Pathé qui compte désormais sur Dany Boon en février 2011 pour se refaire une santé ! Durant cette année sans éclat, le groupe français a bien distribué Camping 2, Océans (2.7), Tout ce qui brille (1.3), Ghost writer et L’Italien (1M tous les deux), mais à côté doit-on citer les désastreux Centurions, De vrais mensonges, Miral, Protéger et servir, Mr. Nobody, Benvenuti al sud ?

StudioCanal fait de nouveau une année autour des 9M. Pour le succès de La tête en friche (1.2) et de L’amour, c’est mieux à deux (1.1), il y a eu beaucoup trop d’affronts aux actionnaires : en vrac citons Ensemble c’est trop, Bus Palladium (wow, quel bide celui-ci !), Chloe , La vie sauvage des animaux domestiques , Insoupçonnable et surtout Hors-la-loi (404.000) et The Tourist (700.000). Quelques succès surprises pour StudioCanal, Le voyage secret de Samy (1.2) et Le dernier exorcisme (268.000), et à un moindre niveau Green zone (749.000) et La princesse de Montpensier (733.000).

Gaumont est toujours hors top 10, incapable de s’offrir une ligne de production viable. Si A bout portant (800.000), L’apprenti père-Noël (600.000) et Il reste du jambon ? (787.000) ont fait des scores honnêtes en fin d’année, les titres ne resteront pas dans les annales du cinéma hexagonal. Pis, que dire du catastrophique Donnant donnant (488.000 pour Isabelle Mergault !), Splice (222.000) ou encore Le caméléon, Twelve, 600 kilos d’or pur qui n’auront jamais dépassé les 200.000 tickets... Seul vrai beau succès Gaumont en 2010, La rafle avec Gad Elmaleh qui a ému 2.8M de spectateurs.

Du coté du cinéma de genre, Metropolitan Filmexport aura poursuivi sa politique de sortir tout et n’importe quoi (28 films tout de même, un record pour un distributeur en France cette année) et occupe une place dans le top 10, ce qui n’était pas le cas il y a un an. Un joli score malgré la perte du répertoire de la New Line, désormais gérée par Warner (Sex and the city 1 avait été distribué par Metro, pas le 2 !). Malgré des films insignifiants (Vic le Viking, Les Runaways, Droit de passage, Kung fu nanny...), le distributeur indépendant a su capitaliser sur le succès surprise d’Expendables (1.6M), de Resident Evil After life (910.000), Kick-Ass (791.000), Street dance 3D (655.000), Kiss and Kill (695.000) ou encore Saw 3D (569.000). Avec certaines de ces franchises en fin de vie, cette société devra se trouver de nouvelles munitions pour 2011. Sanctum produit par James Cameron pourrait en être une belle. Il sortira chez Metropolitan en février prochain.

Du côté de Mars distribution, l’année a été entièrement sauvée par deux titres Potiche (plus de 2.2M) et surtout Des hommes et des dieux (un million de plus). Le reste du planning a été maudit : Sans laisser de traces, Sweet valentine, Agora, Creation, Mon pote, Encore un baiser ont tous accusé de lourdes pertes, surtout Mon pote qui fait partie des plus gros échecs de 2010. IL faut dire que le film était, comment dire, nul !

Malgré le succès de Twilight 3 et de Red (plus de 800.000 retraités), SND, alias M6 au cinéma, n’arrive qu’en 13e place du top distributeur. Il faut dire que ce ne sont pas des titres comme Djinns, Rudo et Cursi, Skyline, La forêt contre-attaque, Monsters, Les chimpanzés de l’espace 2 ou Nine qui pouvaient tous lui apporter la pérennité.
Si Wild Bunch se retrouve derrière SND encore cette année, c’est à cause d’un manque patent de titres porteurs. Le bruit des glaçons ou Piranhas 3D ont fait respectivement 740.000 et 640.000 tickets, mais en 2009 ils avaient Le petit Nicholas au-dessus des 5M et Paranormal activity 1 dont ils ont dû abandonner la suite à Paramount qui a repris les droits de la franchise à l’international. Wild Bunch attend beaucoup de ce début d’année 2011 avec les sorties imminentes de Largo Winch 2 et Le discours d’un roi qu’ils veulent transformer en films millionnaires !

Pour finir ce passage en revue des gros distributeurs de l’année 2010, notons la désaffection du public à l’égard des productions Sony qui n’a pu compter que sur The Social Network (1.4), Salt (également 1.4), The Karate Kid (1.2) et à un moindre niveau Mange, prie, aime avec Julia Roberts (695.000). Le restant de ses sorties était assez pathétique : Légion, Burlesque, Les chèvres du pentagone, Blindés, Où sont passés les Morgan, Takers, Copains pour toujours, Le plan B... Même Machete n’a pas dépassé les 200.000 malgré un buzz internet imparable. Finalement, la bonne surprise pour Sony (qui se rattrape avec les produits dérivés sur Michael Jackson), c’est le documentaire Inside job qui a dépassé les 50.000 tickets sur une poignée de salles !

Enfin, n’oublions pas les petits distributeurs et l’art et essai pour cette rétrospective chiffrée de l’année 2010. Le Woody Allen de l’année a convaincu 863.000 sombres et beaux inconnus (aidé par Warner, tout de même, pour l’indépendance, il faudra revenir), Mammuth est un hit génial pour Ad Vitam (832.000), également heureux distributeur de L’arbre et la forêt (près de 400.000) des Petits ruisseaux (253.000), d’Ajami et d’Amore. Diaphana n’a pas eu beaucoup de chance, seuls Tamara Drewe de Stephen Frears (595.000) et Another Year de Mike Leigh (200.000 en quinze jours) auront vraiment capté un public d’échelle satisfaisante.

Pyramide a eu Soul Kitchen (264.000), mais aussi la Palme d’or Oncle Boonme et Le premier qui l’a dit (le succès italien de l’année en France !).
Memento a distribué Solutions locales pour un désordre global, le document vert de Coline Serreau. La réalisatrice de Trois hommes et un bébé a époustouflé tout le monde sur la longueur : plus de 214.000 entrées !
Enfin pour MK2, jolis scores pour les peu commerciaux Copie conforme d’Abbas Kiarostami avec Binoche (263.000) et Vénus noire d’Abdellatif Kechiche (218.000). Mais le plus beau succès art et essai de l’année revient à l’Oscar du meilleur film étranger, le splendide Dans ses yeux qui, avec 415.000 spectateurs, obtient un score d’exception pour un film sud américain et surtout pour le petit distributeur Pretty Pictures, dont le record jusqu’à présent datait au Printemps, été, automne, hiver... et printemps de Kim-Ki Duk avec 220.000 en 2004 ! Ils en avaient besoin.

– Box office américain 2010 : tous les chiffres ICI