Le 22 décembre 2022
En dépit d’intention louables, cette actualisation du mythe de Roméo et Juliette ne convainc guère, du fait d’un scénario cousu de fil blanc et de dialogues stéréotypés.
- Réalisateur : Philippe Lioret
- Acteurs : Jean-Pierre Lorit, Madi Belem, Myriem Akheddiou, Marie Dompnier, Sabrina Levoye, Teïlo Azaïs, Nassim Lyes, Arsène Mosca
- Genre : Drame, Romance, Teen movie
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 14 juin 2024 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 4 janvier 2023
- Festival : Rencontres cinématographiques de Cannes, Festival du Film Francophone d’Angoulême 2022, Arras Film Festival 2022
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Résumé : Nora et Léo se rencontrent le jour de la rentrée en classe de seconde. Leurs regards s’enchâssent et tout est dit. Le frère de Nora, manutentionnaire à l’hypermarché local, est accusé de vol et viré sur-le-champ. Le directeur de l’hypermarché, c’est Franck, le père de Léo. Les deux familles s’affrontent, les différences s’exacerbent et le chaos s’installe. Les vies de Nora et Léo s’embrasent.
Critique : Réalisateur et scénariste, Philippe Lioret est l’auteur d’œuvres attachantes du cinéma français des deux dernières décennies, dont Je vais bien, ne t’en fais pas et Welcome. Ces deux films sont révélateurs de son art, ancré sur le romanesque tout en souhaitant témoigner des problèmes de son temps, dont la précarité et les désarrois de la jeunesse. La déception engendrée par 16 ans n’en est que plus forte. Les intentions étaient pourtant louables : adapter le mythe de Roméo et Juliette à l’époque contemporaine, tout en mettant en exergue les difficultés liées à l’intégration sociale et à l’emploi. Le réalisateur souhaitait ainsi apporter une actualisation de la pièce de Shakespeare, après les deux versions de West Side Story et Two Lovers de James Gray. Il est clair que les adaptations à la lettre n’avaient guère laissé de traces dans l’histoire du cinéma, de la pâle version de Cukor (avec Norma Shearer, âgée de trente-quatre ans !) à l’académique métrage de Zeffirelli (1968). Mais Lioret omet de citer la tentative de modernisation par Baz Luhrmann (Romeo + Juliette, 1996) : on lui pardonnera, eu égard au kitsch de cet opus.
- © Paname Distribution
16 ans ne convainc guère, à cause d’un scénario et de situations cousus de fil blanc, et de dialogues stéréotypés, qui peinent à faire du métrage autre chose qu’une bluette politiquement correcte. Le plus grave ne réside pas dans les invraisemblances concernant la description du système éducatif et du monde du travail. Si l’on sourit avec indulgence de la présence d’élèves de seconde qui ont l’âge d’être au moins en terminale (un classique des aléas de casting depuis la naissance du cinéma), on soulignera les erreurs dans le souci de réalisme, d’autant plus que l’auteur n’opte pas pour une veine poétique ou distanciée. Ainsi, précisons que les options de lycée ne se proposent pas en début d’année, ou qu’un contrat à durée déterminée ne peut être rompu (hors période d’essai) du jour au lendemain : le licenciement ou la démission s’appliquent au même titre que pour un CDI. Là où 16 ans se révèle très faible, c’est dans l’accumulation de situations tellement simplistes et téléphonées qu’elles en deviennent grotesques : grand frère (Nassim Lyes) accusé (à tort ?) d’un vol de bouteille d’alcool puis harcelant sa petite sœur (Sabrina Levoye) ; père du jeune homme (Jean-Pierre Lorit) refusant que son fils se lie avec les gens du peuple, avant d’être lui-même démonté par sa hiérarchie ; père de la jeune fille (Arsène Mosca) menaçant sa progéniture de retour au bled ; mère conciliantes (Fejria Deliba et Marie Dompnier), mais dépassées par les événements ; professeure bienveillante mais impuissante (Myriem Akhediou, rescapée du cinéma des Dardenne)…
- © Paname Distribution
Le sommet est atteint lors d’un dénouement larmoyant et improbable, avec accident de la route soudain et pirouette scénaristique, confirmant l’assimilation des personnages à des marionnettes de Grand-Guignol. « Nora, Léo, Tarek et les autres bougent tout le temps, la caméra les suit et bouge donc tout le temps aussi, mais je fais en sorte qu’on ne la sente pas. Ne pas voir la mise en scène est une réflexion de tous les instants... et un gros travail de mise en scène », a déclaré le réalisateur dans le dossier de presse. Cette volonté d’effacement de la caméra mène en fait à un traitement télévisuel plutôt terne, aucun plan ne se démarquant des autres. 16 ans est donc un film manqué, plus encore que Pierre et Djemila (1987) de Gérard Blain ou Le sac de farine (2014) de Kadija Leclere, sur des thèmes proches. En comparaison, les récents Un autre monde et Le lycéen étaient d’un tout autre calibre.
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