Plein phare
Le 20 mars 2014
Où l’on constate que le cinéma français peut encore se faire mélodramatique sans être lourd et romantique sans être mièvre.
- Réalisateur : Philippe Lioret
- Acteurs : Émilie Dequenne, Philippe Torreton, Sandrine Bonnaire, Anne Consigny
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 3 novembre 2004
Où l’on constate que le cinéma français peut encore se faire mélodramatique sans être lourd, romantique sans être mièvre et beau sans être poseur...
L’argument : Camille arrive à Ouessant, son île de naissance, pour vendre la maison familiale. Camille et Jeanne, sa tante, vont y passer une dernière nuit, une nuit durant laquelle la jeune femme va découvrir un pan inconnu de la vie de ses parents.
Notre avis : Le cinéma populaire français n’est pas mort. Voilà le constat rassurant qui transparaît à la vision de L’équipier. Comme tout bon film, tout commence par une belle histoire. Un an après la mort de sa mère, une jeune femme, accompagnée de sa tante, revient sur l’île d’Ouessant pour vendre la maison familiale. Sur place, elle trouve un livre envoyé par un inconnu et décide de le lire pendant la nuit. Flash-back et le spectateur se trouve plongé dans les années soixante.
À cette date, Antoine (Grégori Dérangère), un estropié de la guerre d’Algérie, arrive sur l’île pour remplacer un gardien de phare décédé. Perçu comme un étranger à renvoyer au plus vite sur le continent par les locaux mâles, considéré comme un objet de fantasmes par les locaux femelles, le bel homme à la main écrasée va bouleverser le microcosme insulaire. Peu à peu, Antoine va gagner l’amitié de son équipier de veille, Yvon (Philippe Torreton), ainsi que le cœur de la femme de ce dernier, Mabé (Sandrine Bonnaire).
Bref, tout y est. De la narration charpentée avec dialogue entre le passé et le présent, du compagnonnage viril avec préliminaires froids suivis de tapes sur l’épaule, du triangle amoureux complexe avec coup de foudre brutal et adultère douloureux, du paysage grandiose avec notamment le phare de la Jument, de l’exotisme professionnel avec ce métier de vigie maritime en passe de disparaître, et puis de la profondeur historique avec la guerre d’Algérie et ses cicatrices.
C’est donc peu dire que le scénario co-écrit par Philippe Lioret, Emmanuel Courcol et Christian Sinniger vaut le détour. Mais comme pour tout bon film, cela ne suffit pas. Il faut aussi une grande justesse des acteurs. Pour ce qui est de L’équipier, c’est le cas. Philippe Torreton fait un véritable numéro, construisant avec un jeu d’une sensibilité renversante un Yvon à la fois charismatique et vulnérable. Sandrine Bonnaire est brûlante de passion retenue et Grégori Dérangère se sort avec aisance d’un rôle faussement facile.
Les premiers noms du casting donnent leur maximum, comme d’ailleurs tous ceux qui occupent des rôles plus secondaires, d’Emilie Dequenne à Anne Consigny en passant par Martine Sarcey. Mais comme pour tout bon film, une distribution de haut niveau ne suffit pas. Il faut aussi que la réalisation développe un langage réellement cinématographique. Et c’est peut-être là la grande force du film de Philippe Lioret, car ce vocabulaire est bien présent. Coupes brutales comme rarement dans le cinéma français dit de qualité, ellipses judicieuses, inspiration dans la mise en place des séquences... Du travail d’orfèvre.
Alors, bien sûr, tout n’est pas parfait. L’équipier s’appuie sur des situations dramatiques rabâchées et l’utilisation répétée de dialogues à double sens se transforme parfois en procédé lourdingue. Il est certain que L’équipier ne va pas révolutionner le septième art, mais il peut nous réconcilier avec une production française d’une tenue actuelle souvent médiocre, en restant l’un des meilleurs films français de cette année 2004 finissante.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
7 novembre 2004
L’équipier - la critique
très très bien ........que d’émotions !!!! Bravo
mais un détail : pourquoi sur le 1er plan de promenade entre Derangére et Bonnaire (vélo à la main dans un ribine) c’est sa main droite qui est handicapée , alors que j’usqu’à présent c’était la gauche ?
G DE MELLO
8 novembre 2004
L’équipier - la critique
Parce que le plan a du être monté a l’envers pour des raisons de raccord au montage !!
(ce n’est évidement pas une erreur de la script ;-)
Caron Alain 16 novembre 2004
L’équipier - la critique
J’ai vu ce film au Bastille St Antoine l’image dépassant de l’écran je suis allé demander au projectionniste de rectifier le cadre, il m’a expliqué sans se démonter que des caches avaient été utilisés au tournage ce qui entrainait ce décadrage à la projection. Qu’en est il exactement ?
La copie était en permanence hachurée comme si on avait gratté la pellicule, sans se démonter toujours,il m’a expliqué que c’était une vieille copie (3 semaines) donc là aussi c’était normal.
A 6,50 euros la place cela fait beaucoup pour un seul film. Peut être la copie dvd sera t’elle impeccable, du coup on aura plus besoin d’aller en salle.
Xiane 21 novembre 2004
L’équipier - la critique
Après les choristes, le cinéma français nous offre à nouveau un film, fait de tendresse, de passion contenues. Les sentiments les plus simples, comme les plus violents ne sont pas exacerbés dans des paroles, ou des images sans retenue.
Ce sont les images de la vie, d’une vie faite de labeur, de joie, de passion , de drames, qui ne s’étalent pas sur la place publique, mais sont authentiques.
Bravo, pour les images d’Ouessant et de la Jument. Bravo pour l’humour des personages. Bravo pour la façon délicate dont a été traité ce secret de famille. Bravo, enfin, pour le dénouement : ce regard illuminé de l’enfant, qui découvre la photo de son père. Que de pudeur, et de délicatesse !
Norman06 21 avril 2009
L’équipier - la critique
Passé un peu (et injustement) inaperçu à sa sortie en salles, ce joli film confirme la délicatesse de l’auteur de Mademoiselle, qui signera le très beau Je vais bien, ne t’en fais pas. Drame romanesque classique et sobre mais avec échappées lyriques dans la lignée de Truffaut ou Grémillon. Bonnaire est splendide.