Le 27 mars 2020
Libre adaptation du roman de Tanguy Viel, Paris-Brest est un drame familial rendu sage par une mise en scène conventionnelle.
- Réalisateur : Philippe Lioret
- Acteurs : Catherine Arditi, Valérie Karsenti, Anthony Bajon
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Arte
- Durée : 1h20min
- Date télé : 27 mars 2020 20:55
- Chaîne : Arte
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Critique : Tandis que le père mène ses affaires en capitalisant sur un enterrement, le fils rêvasse, étudiant en lettres, admonesté par son géniteur - qui ne comprend pas pourquoi ce jeune homme n’a pas fait du droit -, et averti par la mère dont les propos ont le mérite de la clarté. Sans argent, on n’est rien. Bon. Le littéraire éthéré d’un côté, le pragmatique grossier de l’autre, l’opposition commence sur des bases caricaturales. Colin rêve de Paris et de devenir écrivain. Mais il voudrait que sa petite amie la suive. Elle hésite. Heureusement qu’il y sa grand-mère maternelle. Elle ne veut pas qu’il parte. Il s’en ira quand même.
Lorsque le protagoniste revient bien des années plus tard dans la ville bretonne, tout a changé : sa sœur vient d’avoir un enfant, l’appartement de sa grand-mère est symboliquement occupé par ses parents, son ex-copine a fait sa vie, attend un enfant. Bref : cheveu sur la soupe, Colin sentira encore le prix de sa différence, bien qu’il avoue un projet de publication.
Philippe Lioret adapte librement et sagement le roman de Tanguy Viel paru aux Editions de Minuit, en gomme l’inventivité formelle pour transformer le puzzle diégétique en un récit parfaitement linéaire - malgré une apparente discontinuité -, sorte de récitation scolaire du parfait schéma actantiel, appliqué au modèle familial. Ainsi, par exemple, les oppositions sont clairement configurées à travers une scène de repas nocturne, où le nœud conflictuel tend les convives autour de répliques attendues et les obstacles qui se dressent sur la route des personnages sont largement prévisibles. L’écrivain en herbe finira par avouer la trahison de son engagement contracté auprès de sa grand-mère.
Que reste-t-il de l’autobiographie fictive que privilégie Viel dans son texte ? Et quid de l’ambiance pesante que parvient à créer l’auteur ? L’ensemble fond dans le saindoux d’un téléfilm du vendredi soir, nourri par des secrets de famille, vers lesquels convergent des motifs pécuniaires. Lorsque le récit se leste des propos comminatoires des parents, réveillant un peu l’ensemble, dans des tonalités froides bien assorties, on se dit que la mise en scène va s’extraire d’une forme de léthargie. Las ! L’entrevue du petit-fils avec sa mamie moribonde ne nous épargne pas l’ultime leçon de vie prodiguée par l’aînée, qui se résorbe en slogan sentimental ("il n’y a rien de plus beau que les histoires vraies"). Colin retiendra la leçon avec succès.
Cinéaste des silences et du non-dit, Lioret tire cette histoire vers un art consommé du murmure ou de la réplique que l’on dit tête baissée, quand des regards entendus ne prennent pas le relais pour surligner un état psychologique. Bref, un film conventionnel à souhait.
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