Hafsia Herzi révoltée
Le 26 mars 2014
Ce récit d’une adolescente en révolte contre sa condition pourra toucher par sa sincérité et confirme les talents dramatiques de Hafsia Herzi et Hiam Abbas.


- Réalisateur : Kadija Leclere
- Acteurs : Smaïn, Hiam Abbass, Hafsia Herzi, Mehdi Dehbi, Souad Sabir
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge, Marocain
- Distributeur : Mica Films
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 26 mars 2014

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Résumé : Alsemberg, décembre 1975 : Sarah, huit ans, vit dans un foyer d’accueil catholique. Un jour, son père biologique qu’elle n’a jamais vu se présente pour l’emmener en week-end à Paris. Mais c’est au Maroc que Sarah se réveille, où son père l’abandonne à sa famille. Neuf ans plus tard, en pleine révolte de la faim (la révolte des Awbach), Sarah rêve de retourner en Belgique…
Critique : Nommé à trois reprises aux Magritte, les Oscars du cinéma belge, ce premier film a également obtenu le Prix du Jury Œcuménique au Festival de Mannheim-Heidlberg. Récit d’une acculturation douloureuse, inspiré du vécu personnel de la réalisatrice, Le sac de farine dresse un portrait sans concessions d’une société marocaine patriarcale dans laquelle la femme peine à trouver sa place, entre son rôle prédestiné de génitrice et l’étouffement de toute velléité d’émancipation, artistique, politique, ou sexuelle. Hafsia Herzi incarne avec sobriété et sans effets cette jeune fille enlevée par son père adoptif (Smaïn dans un étonnant contre-emploi), et privée de sa communauté d’adoption belge au nom d’un droit du sang obstiné et vain. César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans La graine et le mulet, la jeune comédienne porte littéralement le film, bien épaulée par Hiam Abbas, la plus grande actrice palestinienne, qui interprète ici sa tante compréhensive et bienveillante, rare incarnation d’humanité dans un microcosme marqué par les compromissions familiales et le souci de respecter les convenances.
Le film s’inscrit dans une certaine tendance de cinéma à la fois féministe et romanesque, qui comprend des œuvres aussi diverses que L’une chante, l’autre pas (A. Varda, 1977) ou Les silences du palais (M. Tlatli, 1994). On songe aussi à Persépolis, de par les similitudes de parcours du personnage central. Le sac de farine s’avère pourtant plus lisse et l’on regrettera ses maladresses, notamment le ton larmoyant du prologue belge, et des passages ratés, à l’image de cette inutile idylle avec un étudiant rebelle, incarné par le beau et talentueux Mehdi Dehbi. La direction d’acteurs semble donc être l’atout principal de ce premier film sincère mais parfois manichéen, qui a le mérite d’aborder un sujet assez peu traité à l’écran et encore tabou dans certaines communautés.
– Festival de Mannheim-Heidlberg 2012 : Prix du Jury Œcuménique