Le 12 avril 2025


- Scénariste : Jim>
- Dessinateurs : Jim, Rémi Torregrossa
- Coloriste : Delphine
- Genre : Drame
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 26 mars 2025
- Durée : 2
Jim conclut ce diptyque, toujours au scénario et au dessin, il fait vivre ses personnages dans les décors de Rémi Torregrossa. Delphine aux couleurs crée les ambiances réalistes et merveilleuses de cette histoire d’amour qui nous surprend jusqu’au bout.
Résumé : Ce second tome débute par une vision onirique, celle d’un cheval blanc au regard intense qui se cabre sur un fond rouge. Une poignée de porte se tourne et Simon entre dans un salon de thé londonien, où il retrouve Zoé. Ils parlent, regardent avec tendresse un vieux couple assis pas loin d’eux et après un baiser inattendu, Zoé annonce à Simon qu’elle va se tuer demain, le jour de l’anniversaire de son mari Léo, décédé il y a deux ans...
Critique : Simon et Zoé, les deux protagonistes d’une histoire d’amour compliquée ? Ce n’est pas aussi simple que cela et Jim nous offre à nouveau une conclusion inattendue, riche en émotion, au cours de ce second tome qui achève le cycle. Zoé vit un drame auquel elle ne voit qu’une issue, le suicide et Simon ne peut l’accepter. Zoé, femme forte et fragile à la fois, lance peut-être un appel à l’aide en révélant à Simon qu’elle va mettre fin à ses jours. Mais elle écrase Simon d’une lourde responsabilité avant de s’éclipser. Saura-t-il la retrouver et surtout trouver les mots, les gestes qui permettront de changer les choses ? C’est le combat qu’il va mener tout au long de cette BD.
À travers les rues de Londres, Simon se lance dans une course contre le temps. Les heures sont comptées, il est seul à savoir et doit agir. Ce drame haletant, où il est question de vie ou de mort, est équilibré par la comédie. Car pendant que Simon se perd dans ses sentiments, l’anniversaire en l’honneur de Léo se déroule et les amis qui sont venus avec lui de France, JP, Rotthenberg et Camilla, la prostituée qu’il a payée pour se faire passer pour sa femme, apportent une dose d’humour et même une intrigue secondaire, bien sûr axée autour d’une autre histoire d’amour. Quant au mort, Léo, il écrase tout le monde par le poids de son absence et l’image qu’il a laissée derrière lui, astre solaire qui consume ses proches.
L’amour est au centre de ce récit, sous différentes formes, l’amour impossible de Zoé pour Léo, qui ne peut aboutir, l’amour de Simon pour Zoé, qui va peut-être tout changer. Et l’amour qui se développe du côté des amis de Simon, malgré les obstacles de la différence d’âge ou de classes sociales… L’amour de ce vieux couple croisé au café, qui a transcendé le temps. Et lié à l’amour, la peur, la peur de décevoir l’autre avec la vérité, la peur de dire ce que l’on ressent, la peur de perdre l’être aimé, de ne pas pouvoir continuer sans lui… Ces sentiments humains innervent ce récit et sont les moteurs des personnages. Conduits par leurs émotions, ils vont tenter de faire du mieux qu’ils peuvent et prendre des décisions parfois bonnes, parfois mauvaises.
Et il y a ces cadres où le narrateur s’exprime à la seconde personne. Qui est-il ? Qu’importe, car ces mots touchent juste et il contribue à accentuer les émotions au cœur de ce drame humain.
Jim, Rémi Torregrossa / Grand Angle
Dans la lignée du premier tome, Jim parvient à nous servir un dessin énergique. Simon court encore et encore, fait les actions les plus folles pour sauver Zoé d’elle-même. Ses amis, entraînés par le rythme de la fête, sont eux aussi souvent en mouvement. Les décors dessinés par Rémi Torregrossa contribuent à poser, et même imposer le cadre londonien de cette histoire. Du début jusqu’à la fin, nous ne quitterons pas Londres. Ces salons de thé, ces ponts, ces rues, ces immeubles anciens, ces hôtels de luxe, ces pubs…
Les couleurs de Delphine apportent l’ambiance de ces nuits londoniennes, les éclairages des phares, et ce rouge sang au service des scènes oniriques et mystérieuses. La composition aérée permet de laisser l’espace à des cases où les personnages peuvent agir, l’action se développer et les silences, plus éloquents que les mots grâce aux regards des personnages, s’imposer. À côté de cela, onomatopées, lignes de vitesse, nuages de fumée, autant d’éléments qui permettent d’accentuer encore le mouvement que l’histoire insuffle dans chaque page.
La BD se finit avec un texte de Jim, qui revient sur l’écriture du scénario, certains moments qui sont restés dans le récit et ses recherches concernant la fin de l’histoire. Une fin inoubliable.
Zoé Carrington T.2 fonce à deux cent à l’heure et propose une conclusion forte pour ce diptyque émouvant où la mort et la vie s’affrontent jusqu’au bout dans un ballet surprenant au cœur de Londres.
96 pages – 18,90 €