L’espoir fait vivre
Le 15 février 2013
La rencontre improbable de deux camps ennemis en pleine guerre du Liban, traitée avec humour par le cinéaste israélien Eran Riklis. Un thriller de guerre populaire, qui a le mérite de ressaisir avec finesse certains enjeux du conflit israélo-palestinien.
- Réalisateur : Eran Riklis
- Acteurs : Alice Taglioni, Stephen Dorff, Loai Nofi, Abdallah El Akal
- Genre : Drame, Aventures, Film de guerre
- Nationalité : Israélien, Britannique, Français
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 27 février 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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La rencontre improbable de deux camps ennemis en pleine guerre du Liban, traitée avec humour par le cinéaste israélien Eran Riklis. Un thriller de guerre populaire, qui a le mérite de ressaisir avec finesse certains enjeux du conflit israélo-palestinien.
L’argument : L’histoire d’une rencontre inattendue entre un réfugié palestinien de 12 ans et un pilote de chasse israélien dont l’avion se fait abattre au-dessus de Beyrouth en 1982. Leur méfiance initiale se transforme en amitié alors qu’ils traversent ensemble le Liban déchiré par la guerre au cours d’un voyage vers une terre qu’ils considèrent tous deux comme la leur.
Notre avis : Eran Riklis est un habitué des terrains de guerre. Certes, il les contourne, en escalade les bords, s’immisce sur le front par l’arrière, et en donne le point de vue que ne retiendra pas l’histoire. Zaytoun ne procède pas autrement, même si le cadre de « commande » à partir d’un scénario pré-existant modifie les règles du jeu. Le film fonctionne sur un principe dramatique simple et éprouvé, la rencontre entre deux êtres que les attaches affectives et idéologiques les plus profondes séparent radicalement, et qui vont apprendre, par la force du péril, à cohabiter et peut-être à s’apprécier. On pourra s’agacer d’emblée de cette vision excessivement optimiste, arrondissant les angles des deux camps pour s’abandonner au « Tout est pardonné » sans autre regard critique. Pourtant, Riklis impose une force de conviction certaine dans cette amitié utopique qui naît sous nos yeux au cours du film, si bien que la rencontre entre un Stephen Dorff bourru (le pilote israélien) et Abdallah El Akal (le gamin palestinien) parvient à s’incarner au-delà de la simple idée de scénario. Il faudrait être naïf pour croire à la rédemption de la « grande » histoire par l’exemple particulier ; l’ambition du film se cantonne précisément à nous donner envie de croire à cet exemple imaginaire.
De manière assez classique pour un « thriller de guerre », Zaytoun fait monter la tension par vagues successives, augmentant le danger – matériel et humain – au fur et à mesure que les deux héros se rapprochent de leur objectif. Cette traversée romanesque de la guerre du Liban est suffisamment précise pour que chaque étape fonctionne à la fois comme palier dramatique et comme vignette de la guerre, dont le cinéaste ne cherche pas à expliquer la complexité (les milices chrétiennes et musulmanes, les camps palestiniens « enclavés » au Liban, etc.), mais qu’il inocule dans le film par aperçus fugaces, souvent rendus vivants par une idée de mise en scène ou de situation. Le point de vue des enfants dans toute la première partie du film, qui se déroule à Beyrouth, rend le traitement beaucoup moins démonstratif, et ramène la guerre à une échelle à laquelle nous sommes moins habitués.
La plus grande réussite de Zaytoun réside dans ce qu’Eran Riklis est parvenu à ressaisir de l’opposition entre Israël et la Palestine, autour de la question de la terre ; non pas la question des territoires occupés, des frontières, des résolutions internationales, mais le sentiment de la terre, son souvenir transmis de manière parfois fantasmée de génération en génération, dans un camp comme dans l’autre. Fahed et son olivier familial qu’il lui faut à tout prix replanter dans le village de ses ancêtres incarne cette obstination et sa signification concrète pour des populations qui, séparées de leur « lieu », se sentent dépossédées de leur chair vivante. Si la dernière partie du film appuie avec une insistance maladroite et très symbolique sur cette question, celle-ci est beaucoup plus intéressante lorsqu’elle reste dans le film à l’état de fantasme, d’utopie pour laquelle il devient vital de se battre et d’écraser l’ennemi. Avec Zaytoun, Eran Riklis ne révolutionne pas la représentation à l’écran du conflit israélo-palestinien, mais son pari gagnant est d’avoir réussi à en incarner finement les enjeux dans un film populaire, au sens le plus mélioratif du terme.
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