Mariage à la syrienne
Le 9 juillet 2015
Un mariage à saute-frontière comme subtile métaphore de l’absurde et terrible situation des Druzes du Golan.
- Réalisateur : Eran Riklis
- Acteur : Clara Khoury
- Genre : Drame
- Nationalité : Syrien
- Distributeur : Océan Films
- Durée : 1h36
- Titre original : Ha-kala ha-surit
- Date de sortie : 9 mars 2005
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Un mariage à saute-frontière comme subtile métaphore de l’absurde et terrible situation des Druzes du Golan.
L’argument : Aujourd’hui Mona, jeune fille d’origine druze, se marie. Ce qui devrait être le plus beau jour de sa vie est en réalité le plus triste : une fois mariée elle devra quitter sa terre natale et ne pourra plus jamais revoir sa famille. Bienvenue dans le Golan, région syrienne occupée par Israël.
Notre avis : Territoire occupé depuis 1967, le Golan (à l’extrême sud-ouest de la Syrie) est un endroit surréaliste où un peuple, les Druzes, tente malgré tout de continuer à vivre. Un peuple injustement divisé depuis trente-huit ans et désormais sans nationalité [1]. C’est dans un petit village de ce no man’s land que vit Mona dont les parents ont arrangé le mariage avec une star de la télévision syrienne qu’elle n’a jamais rencontrée. Si toute la famille prépare l’heureux événement, Mona elle, n’a pas le cœur à la fête. Bien que ce mariage représente pour elle la promesse d’une vie meilleure, une fois de l’autre côté, elle ne pourra plus jamais rentrer chez elle. Soutenue par les siens, elle va vers son promis. Mais bientôt, toute le monde se retrouve coincée au poste frontière, tributaire de l’absurdité d’une bureaucratie inhumaine. Le film qui, jusqu’ici, traitait de la situation des femmes orientales (doublement oppressées) et de l’absurdité du tracé des frontières prend une tournure extravagante mais malheureusement bien réelle.
De cette situation dramatique, le réalisateur Eran Riklis a su tirer un film bouleversant. Plein de subtilité et mélangeant habilement drame et comédie, La fiancée syrienne s’inscrit dans la lignée d’Intervention divine, du Cerf-volant ou encore de No man’s land. Métaphore du conflit israélo-palestinien, l’histoire que nous conte Eran Riklis est également universelle : en effet, elle pourrait aussi bien se dérouler en ex-Yougoslavie, en Irlande du Nord ou en Tchétchénie, soit partout où une terre est injustement occupée et un peuple condamné à la souffrance. Sans jamais juger ni accuser personne, Eran Riklis signe une chronique dramatique porteuse d’espoir : qu’un réalisateur israélien et une scénariste palestinienne soient parvenus à faire un film ensemble est déjà, en soi, un grand pas.
[1] Israël refuse de reconnaître aux Druzes la nationalité syrienne et ces derniers refusent d’adopter la citoyenneté de l’envahisseur
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