On dirait le Sud
Le 30 juillet 2003
Trois frangins, un cousin, deux barbes, des guitares et des bretelles : la renaissance du rock sudiste américain.
- Artiste : Kings Of Leon
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Le rock américain, saturé des décibels urbaines de New-York ou Detroit, avait bien besoin d’un grand bol d’air et d’un bon bain de boue. C’est là qu’entrent en scène les Kings Of Leon : trois frangins et un cousin originaires du Tennessee portant bretelles, barbes et bottes crottées.
Au début de l’année, on était encore en plein dedans : on attendait fébrilement le nouvel album des White Stripes, on suivait les conseils de Môsieur Jack White, tentant de dénicher les prouesses des Detroit Cobras, de Whirlwind Heat ou des Soledad Brothers, et on se raccrochait aux dernières nouvelles provenant de l’enregistrement du deuxième album des Strokes. Et soudain, arrivant de quasiment nulle part, un cinq titres fleurant bon le foin et le canasson débarquait sur nos platines : Holy Roller Novocaine nous (re)présentait fièrement le Sud américain, en les personnes des trois frères Follohill (Caleb, Nathan et Jared) et de leur cousin Matthew. Soudain, le look et le son Creedence Clearwater Revival sont à nouveau tendance. Fans d’Interpol, rangez vos cravates en cuir : le must, aujourd’hui, c’est bretelles et barbes.
Mais au-delà de l’anecdotique image du groupe (certifiée authentique par la maison de disque, il va de soi), les Kings Of Leon débarquent surtout avec un premier album simple, direct et efficace comme un colt. Youth & Young Manhood est un imparable condensé de rock sudiste, élevé au blues rageur et à la country cajoleuse. Caleb Follohill est doté d’une voix grave impressionnante de densité, et donne parfois l’impression de devancer les mélodies (Red Morning Light) tout en laissant traîner les syllabes (Molly’s Chambers, Holy Roller Novocaine). On l’imagine chantant depuis un hamac, pipe au bec, se redressant dans un sursaut pour un refrain vengeur. Il rappelle ainsi le grand John Fogerty, dont le Creedence Clearwater Revival apparaît décidément comme le parrain idéal du disque.
Un disque réussi, certes, bien qu’il porte la marque des premiers albums : imprégné de références, engoncé dans un style. Mais comme écrivait un grand parolier bien de chez nous, "il faut laisser le temps au temps". Faisons donc confiance aux Follohill, et laissons-les débarrasser leur musique de ces quelques tics encombrants
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