Leçons de protocole
Le 1er août 2011
Un point de vue décalé et original sur l’univers des Yakuzas qui laisse néanmoins un peu sur sa faim.
- Réalisateur : Jean-Pierre Limosin
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 9 avril 2008
- Festival : Festival de Cannes 2007
– Durée : 1h39mn
Un point de vue décalé et original sur l’univers des Yakuzas qui laisse néanmoins un peu sur sa faim.
L’argument : Véritable plongée dans l’univers de la mafia japonaise, Young yakuza est le récit initiatique d’une rencontre, celle d’un jeune homme désœuvré et d’un parrain, lui-même en pleine crise identitaire. Placé par sa mère en apprentissage au sein d’un clan mafieux, Naoki va découvrir le quotidien des Yakuzas pendant une année entière. Ensuite, il lui appartiendra de choisir : rester ou quitter ce monde qui s’accroche à son passé...
Notre avis : À l’annonce du titre, on pouvait s’attendre à une oeuvre dans la lignée de A very british gangster, le documentaire de Donald Macintyre sorti l’été dernier sur Dominic Noonan, criminel prolifique à la tête de la dynastie du crime de Manchester. Mais Young yakuza n’est ni un film d’investigation ni vraiment non plus un film de gangsters.
Jean-Pierre Limosin a posé sa caméra au sein du clan de Yakuzas dirigé par la figure paternelle de Kumagai et suivi l’initiation de Naoki, fraîche recrue. Initiation qui commence en tout bien tout honneur au bas de l’échelle en tant que... valet de pied. Cette immersion dans le quotidien du clan donne lieu à des scènes souvent déroutantes, parfois fascinantes (on retiendra notamment la scène du bain collectif), mais toutes régies par un protocole à faire pâlir d’envie la reine d’Angleterre. Cela sur fond de rap japonais exprimant la rage de vaincre d’une jeunesse qui n’a plus rien à perdre.
Si la promesse est belle, le résultat n’est pas tout à fait abouti. Ainsi, lorsque Naoki s’éloigne abruptement du clan, comme orphelin de son sujet Young yakuza peine à aller de l’avant donnant à lieu à une succession de scènes interminables et quelque peu répétitives. On regrette aussi que Limosin n’interroge pas plus Naoki sur les raisons de sa fuite, même si on comprend que la rigidité de la hiérarchie et l’ingratitude des tâches dévolues aux nouvelles recrues y sont pour beaucoup.
L’adoption du point de vue d’un jeune japonais, pas forcément prédestiné à devenir Yakuza, sur le milieu représente à la fois la force et la faiblesse du film. Si celui-ci marque ainsi son originalité et évite de tomber dans les clichés, on n’en apprendra toutefois pas beaucoup plus sur le clan. De quoi frustrer le spectateur qui a l’impression d’être laissé sur le bord de la route. Certes, le postulat de départ était de ne pas évoquer les activités criminelles du clan. Mais, là où A very british gangster réussissait à contourner l’écueil, aidé en cela il faut le dire par la personnalité de Noonan, en creusant dans le passé, Young yakuza fait l’impasse totale au risque de donner des Yakuzas une image plus amène que la réalité, c’est à dire une organisation criminelle qui ne recule devant rien pour accroître ses profits.
De plus, si le long métrage met bien en perspective le décalage entre la vieille garde et la nouvelle génération et pose la question de la survie d’un univers aussi rigide, il ne donne pas de réponses. Hors, à l’heure où la presse mondiale s’empare des Yakuzas, celles-ci sont en partie connues. On sait que les Yakuzas ont largement réussi à s’adapter aux temps nouveaux en élargissant leur champ d’activité à la bourse, l’immobilier et le trafic de drogue tout en se projetant de plus en plus à l’international. À noter à ce sujet l’excellent et très bien documenté Yakuza, la mafia japonaise de David Kaplan et Alec Dubro aux ed. Picquier.
Il ne faut donc pas s’attendre ici à des révélations sur les Yakuzas pour éviter la déception assurée. Par contre, grâce à son approche sociologique, Young yakuza contribue à dévoiler un pan de la réalité souvent absent des films de Yakuzas, plus attachés aux mythes.
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Norman06 29 avril 2009
Young yakuza - la critique
Souvent à la limite de la fiction, tant l’improvisation semble parfois calculée, Young Yakuza échoue pourtant à saisir le mystère de cette contre-culture. Une démystification qui s’avère être ici un coup d’épée dans l’eau.