You all look the same to me - la critique de l’album

Notre avis : Londinium 1996. En pleine vague trip-hop, Darius Keller et Danny Griffiths (le coeur du groupe) livrent un album magnifique mêlant musique électronique et organique. Ces compositions, ciselées dans les matériaux les plus rares, sont agrémentées (cerise sur le gâteau) du chant limpide de Roya Arab et du rap millimétré de Rosko John. Mais le tempérament urbain et violent des deux interprètes ne colle absolument pas avec l’esprit solitaire et abstrait, à la limite du mutisme, de Darius Keller. L’album studio terminé, le groupe explose. La tournée est annulée. Keller se brouille avec tout le monde et annonce que Londinium sera l’unique réalisation du groupe. La production arrête les frais. Archive s’autodétruit. Fin de l’histoire...

Un an plus tard, Keller et Griffiths s’enferment dans leur studio (vieille cave à moitié abandonnée) et se remettent à composer. Après avoir mis quelques morceaux en boîte, ils recrutent Suzanne Wonder au chant. Avec elle, l’inspiration est là. Pourtant, la production de Take my Head ne sera qu’une vaste fumisterie. Nos deux alchimistes ne contrôlent rien. Leur album est affublé d’un son rock-électro à la mode, propre, beaucoup trop propre. Dany Griffiths dit lui-même : « Take my Head est une merde aseptisée » (Les Inrockuptibles - 27 mars 02). Suzanne Wonder quitte le groupe après la tournée d’été. Fin de l’histoire...

Mais pour une fois, pas de psychodrame. Le divorce se passe bien, ce qui permet à Keller de retourner en studio sans passer par la case « dépression-hôpital ». Avec Griffiths, il décide de réorienter la musique d’Archive et de s’éloigner le plus possible des formats commerciaux. Ils en arrivent même à passer une petite annonce : « Groupe influence Pink Floyd cherche chanteur ». À l’autre bout du royaume, en Irlande, Craig Walker repère l’annonce, se présente à l’audition et signe en moins de cinq minutes. Son arrivée va réorienter Archive. Ses influences rock, confrontées aux compositions de Keller, vont mener le groupe vers quelque chose de plus organique. Le mélange des guitares et de clavier, de voix et d’arrangement électronique, fait respirer leur musique. L’alchimie est juste.

Dès le premier morceau de You all look the same to me, la tendance est donnée. Again, 16 minutes au compteur, dépeint parfaitement ce nouvel album. Ambiance psychédélique, voix trafiquée au vocodeur, longues envolées lyriques, nous tenons un album hybride, mix étrange d’un Pink Floyd des année 70 avec l’énergie de Radiohead.

La troisième génération d’Archive est là, bien vivante. Ce nouveau trio constitué apporte un réel plus, une nouvelle respiration, autant pour le rock que pour l’électro. Le métissage des styles ne peut que configurer de nouveaux univers de recherche. Archive commence une nouvelle vie. Début de l’histoire ?