Yellow cab – Christophe Chabouté – la chronique BD

L’expérience vraie de Benoît Cohen comme chauffeur de taxi devait former la matière première d’un film. Le scénariste français en a finalement tiré le roman autobiographique Yellow cab (Flammarion, 2017) qui connaît une adaptation en bande dessinée menée par le talentueux Christophe Chabouté. L’expérience singulière de Benoît Cohen constitue le fil directeur du récit. L’auteur reconverti en chauffeur de taxi s’interroge sur le processus créatif et observe les inégalités sociales si visibles à New-York. L’apprenti chauffeur français découvre rapidement que la quasi-totalité des taxi drivers sont des immigrés souvent précaires issus de pays en voie de développement, et qu’ils forment une cible commode pour la police municipale. L’adaptation par Chabouté du récit de Benoît Cohen insiste sur l’effacement de l’auteur-démiurge devant les multiples personnages-clients qu’il rencontre, et qui montent le temps d’une course avec leur histoire.

Christophe Chabouté / Glénat

L’intérêt majeur du Yellow cab de Chabouté est l’image qu’il renvoie de New-York. La ville devient bien vite le personnage central du récit, qui multiplie les références cinématographiques, à commencer par Taxi Driver de Martin Scorcese. Le trait noir et blanc du dessinateur de Purgatoire offre une véritable immersion dans les rues de la ville et de son atmosphère si particulière. Les planches muettes qui parsèment l’album forment une invitation à observer la ville pour s’en imprégner, comme si le lecteur était lui-même dans le taxi conduit par Benoît Cohen.

Christophe Chabouté / Glénat

Yellow cab constitue une immersion intéressante dans la psyché de l’auteur qui se met lui-même en scène ainsi qu’une invitation au voyage dans une ville de New-York qui, si elle a fait l’objet de très nombreuses représentations, mérite d’être redécouverte sous les traits de l’excellent Chabouté.