X-O Manowar T.1 et T.2 – La chronique BD

Incipit du premier tome d’X-O Manowar, par Matt Kindt (scénario), Thomas Giorello (dessin) et Diego Rodriguez (couleurs) - © 2018 Valiant Entertainment LLC / Bliss Comics pour la traduction française

Le premier tome de cet arc scénarisé par Matt Kindt narre l’ascension d’Aric au sein de l’armée azure, quand le second relate son triomphe, bientôt suivi de sa chute. Ce récit aux contours bien définis abrite l’univers complexe et extrêmement riche de la planète Gorin. Loin d’être superficielle, la description de la planète, de ses peuples et de ses créatures étranges et parfois monstrueuses crée un effet d’immersion nécessaire à tout bon récit de science-fiction. Par ailleurs, Matt Kindt a eu l’intelligence de mettre en scène héros à visage humain et doté d’une certaine forme de sagesse. Présenté comme un vétéran qui a souffert, Aric ne combat pas ses adversaires sans réfléchir, et le scénario le montre solidement assisté par des frères et sœurs d’armes d’horizons divers plutôt qu’en super-héros isolé. Son rapport ambivalent à l’armure, à l’origine de sa puissance mais aussi de ses malheurs, est par ailleurs très bien exploité dans les deux tomes.

Au début du récit, Aric entretient une relation ambivalente avec l’armure, qu’il refuse de porter à nouveau - © 2018 Valiant Entertainment LLC / Bliss Comics pour la traduction française

Côté du dessin, le premier tome - essentiellement imagé par Thomas Giorello et Doug Braithwaite - est doté d’une grande homogénéité graphique. Le talent des dessinateurs dotent X-O Manower de très belles planches qui sont pour beaucoup dans l’immersion du lecteur. Bien servies par le découpage qui donne au récit son rythme soutenu, les scènes de combat sont très lisibles. Le deuxième tome introduit une rupture graphique, le dessin de Clayton Crain et de Renato Guedes, très sombre, tranchant nettement avec les aplats d’Ariel Olivetti. Cette évolution ne nuit toutefois pas à la continuité du récit, qui garde globalement tout son souffle dans les deux tomes. La fin du deuxième tome maintient le lecteur en haleine, et promet un changement radical de décor.
Déjà souligné à plusieurs reprises, le travail éditorial de Bliss Comics est une nouvelle fois exemplaire, en raison de la qualité formelle des ouvrages (papier, brochage sont impeccables) et de la présence de multiples bonus à la fin du premier tome, avec une galerie et ainsi que des interviews et des commentaires de planches des artistes.

Dotés d’un scénario ambitieux sublimé par des dessinateurs talentueux, ces deux premiers volets de la nouvelle saga d’X-O Manowar sont une franche réussite et intègrent le cercle des très bons récits de science-fiction. Personnage classique de l’univers Valiant, X-O Manowar est avec Matt Kindt entre d’excellentes mains, et devrait conquérir les amateurs de comics exigeants aussi bien que les lecteurs de high fantasy, d’autant plus que, comme souvent dans l’univers Valiant, la lecture des arcs précédents n’est absolument pas indispensable à la compréhension de l’histoire.