Wo ist Coletti ? (Où est Coletti ?) - La critique

Wo ist Coletti ? - Max Mack (1913)

Une joyeuse course poursuite dans le Berlin de 1913, un peu trop étirée mais pleines de jolies trouvailles efficacement exploitées.

L’argument : Le célèbre détective Jean Coletti a réussi à arrêter un cambrioleur en seulement quarante huit heures. Un journal berlinois minimise l’exploit en affirmant que la voleur aurait pu être localisé bien plus vite si on avait mis toute la population de la ville sur le coup. Pour contrer cette affirmation Coletti annonce qu’il va disparaître sans quitter Berlin et promet une récompense de 100 000 marks à quiconque parviendra à retrouver sa trace en moins de 48 heures.

Notre avis : Peu après avoir oeuvré pour la promotion du cinéma au rang d’art noble en dirigeant le fameux acteur de théâtre Albert Bassermann dans le sombre drame psychanalytique Der Andere (1912-13), Max Mack ( Zweimal gelebt) s’engageait dans les eaux de la franche pantalonnade et tentait de rivaliser avec les comiques français et italiens en réunissant les gloires du music-hall et de la comédie de boulevard berlinois dans cette adaptation d’une pièce de Franz von Schönthan.
On voit au début du film le metteur proposer à l’auteur les noms des interprètes qu’il fait apparaître aussitôt en chair et en os grâce à des trucages élémentaires à la Méliès.
Le spectateur est donc fixé dès le départ : le ton sera enjoué et on ne lésinera pas sur les clins d’oeil et le second degré pour amuser la galerie.
Etiré sur quatre-vingt-dix minutes, Wo ist Coletti n’a pas la concentration explosive des courtes bandes contemporaines où les Boireau, les Cretinetti, et autres Léontine et Rosalie laissaient libre cours à leurs incontrôlable énergie destructrice et ne parvient pas non plus à maintenir sur toute sa durée la fluidité, le mouvement perpétuel qui emporte les films de Jasset ou Le club mystérieux de Joseph Delmont mais le film de Mack est néanmoins fort drôle et enlevé.
Le jeu joyeusement extraverti des acteurs fait plaisir à voir (les dandinements de hanches de Madge Lessing, les divers travestissements de Junkermann et Peer) et les réjouissantes attractions ne manquent pas : le barbier se grimant en faux Coletti et brandissant le portrait de celui-ci face à la glace, c’est à dire la caméra, pour nous permettre de comparer la copie avec le modèle ; la séquence chez le photographe ; Coletti en balayeur des rues ; le chien policier Flora qui, inlassablement, continue de chercher (Flora sucht weiter).

Wo ist Coletti ? - Max Mack (1913)

Wo ist Coletti ? - Max Mack (1913)

L’idée de départ (disparaître dans la foule de la grande ville comme une aiguille dans une botte de foin) est prétexte à de multiples poursuites et déplacements dans les rues (et le ciel) de Berlin. Le film célèbre la métropole moderne, ses multiples moyens de locomotions (vélo, bus à impériale, dirigeable) et les dernières nouveautés techniques telle que le système d’anthropométrie judiciaire inventé par Bertillon auquel Coletti se soumet de bonne grâce dans une scène à caractère quasi documentaire.
Mais le clou de l’ensemble est une séquence joliment pirandellienne où Lolotte et Coletti, déguisé en femme, se réfugient dans un cinéma où passent, en guise d’actualités, les séquences du film que nous avons vues précédemment. Les héros , pris de vertige, s’empressent évidemment de quitter la salle avant d’être rattrapés par ce film dans le film !

Wo ist Coletti ? - Max Mack (1913)