What We Do in the Shadows - Taika Waititi - critique de la série

Critique : Certains connaissent peut-être déjà le film sorti en 2014, Vampires en toute intimité, où une équipe documentaire suivait le quotidien de vampires en colocation. La série reprend la même idée, avec un format plus adapté à l’humour grinçant du film, puisque chaque épisode se consacre à un aspect de leur vie quotidienne. Ici, nous faisons connaissance avec Nandor, qui aurait autre fois régné en puissant seigneur, et avec Nadja et Laszlo, couple terriblement romantique résistant au temps. Ils cohabitent également avec Colin Robinson, qui a la particularité de se nourrir de l’énergie vitale des créatures, et non de leur sang. Avec eux, le serviteur de Nandor, Guillermo, jeune homme humain aspirant à devenir vampire. Traité comme un esclave, il accepte son sort, lié avec son maître par la promesse d’être mordu le moment venu.

Crédits FX

Guillermo au service de son maître, Nandor

Le scénario s’appuie sur le décalage anachronique entre des vampires qui semblent coincés au XIXe siècle et l’époque contemporaine. Ce choix n’est pas lié au hasard, le XIXe correspondant à l’époque où ces créatures sont célébrées dans la littérature : Bram Stoker publie par exemple son Dracula en 1897. Les personnages sont donc conformes à ce que l’on attend d’eux : ils ne supportent pas la lumière du soleil, sont repoussés par les croix ou l’eau bénite, dorment dans des cercueils ou organisent des orgies, dans lesquelles le sang des vierges est célébré, c’est-à-dire goulument ingurgité.

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Ballade nocturne pour le couple multicentenaire

Les ressorts comiques tiennent bien évidemment aux situations, mais la qualité de la série s’appuie sur l’interprétation brillante des comédiens, qui jouent les ingénus avec conviction. Leur inaptitude à la société actuelle les rend désœuvrés, l’image de leur magnificence ternie se transforme en procédé comique qui ne s’essouffle pas. Ils deviennent à la fois attachants et pitoyables au fil des épisodes, loin de la terreur qu’ils sont supposés exercer sur les humains. Conscients de leurs difficultés, ils tentent parfois de reprendre le dessus et leur domination, pour au final se rendre compte que le quotidien simple de leur maison, dans leur communauté vampire, avec un esclave pour répondre aux multiples désirs, leur convient bien mieux.

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Que prendre au supermarché ?

Au-delà d’une réalisation soignée et pas totalement kitsch, la série rassemble de nombreuses stars, dont la plus remarquable reste Mark Hamill, qu’on ne soupçonnait pas en puissant vampire.

Les amateurs du film ne seront pas perdus, mais en fait chacun y trouvera son compte. L’ajout bienvenu dans la série de Colin Robinson, vampire tournant en dérision le monde de l’entreprise, ancre la série dans une société qui nous ressemble, où les monstrueux ne sont pas toujours ceux que l’on soupçonne.

Une troisième saison doit sortir d’ici la fin 2021.