Terrestres extras
Le 10 juin 2003
Une communauté londonienne organise une collision jubilatoire entre la science-fiction des années soixante, le free jazz et une électro bricolée.


- Artiste : They Came From The Stars

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Ed Wood, Sun Ra et Polyphonic Spree sont dans un bateau. Et tout le monde tombe à l’eau.
En matière de pop music, la tendance semble être à la communauté. Après The Polyphonic Spree (24 membres) et autres Hidden Cameras (une dizaine de membres), après les projets jazz-electro de Herbert ou de Patrick Pulsinger, qui regroupent tous deux une quinzaine de musiciens, voici que nous parvient aujourd’hui de l’East End londonien They Came From The Stars I Saw Them et ses...38 membres (6 fondateurs plus des musiciens occasionnels) . Alors à quoi tout cela rime-t-il, me direz-vous ?
Tout d’abord, les six membres principaux ont érigé en règle un principe de base : ils ne sont d’accord sur rien, sauf sur l’importance du groupe. Ils ont également formé un mouvement artistique qu’ils appellent da-da-daisme , et qui prône l’éradication du bon goût "en faveur d’un mauvais goût plus démocratique". Soit. Mais pour tenter de décrire l’univers onirique et jubilatoire des Stars (c’est le surnom qu’ils se donnent), un petit travail mental s’impose : imaginez que la chorale Polyphonic Spree ait troqué ses robes raëliennes contre des combinaisons spatiales pour tourner dans une comédie musicale signée Ed Wood, et dont la partition serait assurée par Sun Ra et son Arkestra. Voyez le truc ? Non ?
Bon, alors prenons The World Turned Upside Down et sa rythmique quasi afrobeat : ses huit minutes guillerettes sont parcourues de cuivres discrets, de sonorités diverses et variées sorties tout droit de séries Z des années 60. Tout cela est saupoudré de phrases déclamées avec un irrésistible accent londonien, et célébrant les étoiles, la planète Terre ou simplement la joie de chanter ensemble. Ca sent bon l’improvisation, même si le son paraît particulièrement maîtrisé. Ailleurs, Starburst, plus calibré pop, propose une ritournelle bâtie autour d’un synthétiseur seventies et de cordes, alors que Giles, chanteur en chef et tête pensante de la troupe, répète inlassablement ce "it’s good to see you" au positivisme béat. Ajoutez à cela les 24 minutes de The Holy Mountain et sa progression free jazz-rock de l’espace, les chœurs détraqués de Sunshine Coach (découpées en Episodes 1 & 2 en guise de clin d’œil à Star Wars), et vous aurez ainsi une vague idée de ce qui vous attend sur un des disques les plus barrés de cette année, judicieusement intitulé What Are We Doing Here ?, tant les Stars sont ailleurs.
They Came From The Stars - What are we doing here ? (Lo Recordings/La Baleine)