Le 14 juin 2022
- Chanteur : Gaëtan Roussel
- Compositeur : Gaëtan Roussel
- Plus d'informations : Le site du Festival
Gaëtan Roussel nous a accordé une interview lors de son passage au VYV Festival de Dijon où il s’est produit sur scène le samedi 11 juin 2022.
AVoir-ALire.com : Gaëtan Roussel, bonjour. Merci d’accorder une interview au site avoir-alire.com.
Gaëtan Roussel : Bonjour.
AVoir-ALire.com : Vous avez composé les bandes originales de huit films de Mammuth en 2008 à Les Parfums en 2020. Pouvez-vous nous parler de votre rapport au cinéma ?
Gaëtan Roussel : C’est un mode d’expression que j’aime beaucoup. J’aime, je regarde des films, je regarde des séries, j’aime la manière dont on peut raconter des histoires avec la caméra, je suis très fasciné par les actrices et les acteurs et leur manière de ne pas jouer la peur mais d’avoir peur alors qu’ils n’ont pas peur : je trouve tout ça fascinant, et c’est un monde que je ne connais pas. Et après avoir fait des BO, ce sont les rencontres qui m’ont amené à ça . Louise Michel, c’était la première, et c’était avec Delépine et Kervern. Et si j’ai une chose à dire par mon rapport au cinéma quand je fais des BO, j’ai été à bonne école parce que ces deux personnes m’ont fait comprendre très vite que eux, ils n’avaient pas peur du silence pendant les images, et ça fait plaisir de ne pas mettre de la musique partout. C’était une bonne école pour essayer de comprendre quoi mettre : une note, ça pèse une tonne sur une image. C’est un rapport qui me plaît d’écrire de la musique et j’aimerais continuer. Sinon, le cinéma, ça me plaît.
AVoir-ALire.com : Une question un peu plus du registre personnel. Vous êtes un papa heureux, je suppose. Est-ce que voir un album se construire, c’est un peu comme voir ses enfants grandir ? C’est comme voir son enfant grandir ? C’est délicat ?
Gaëtan Roussel : C’est délicat. Ce qui est sûr c’est qu’on crée des chansons, et aujourd’hui la musique peut être aussi picorée, streamée , on s’aperçoit que quels que soient les styles musicaux, tout le monde continue à sortir des disques. C’est qu’à l’intérieur des disques, il y a des histoires qui sont racontées, et souvent une chanson ; moi, quand j’en fais une pour un disque, je cherche à l’associer à une autre. Je sais pas si la métaphore, c’est les enfants, mais en tout cas, c’est comme une fratrie. J’essaie de faire en sorte qu’une chanson du disque qui vient de sortir "Est-ce que tu sais ?", ben si elle est là, c’est qu’elle a sa place dans ce disque là, donc elle ne pouvait pas avoir sa place dans le disque d’avant. Donc je les construis comme ça. J’aime bien construire les disques comme ça.
AVoir-ALire.com : On parle souvent pour un artiste d’album de la maturité. Est-ce que vous considérez que "Est-ce que tu sais" sorti pour mémoire en mars 2021 est un album de la maturité ? Ou est votre album de la maturité ?
Gaëtan Roussel : Je sais pas si je peux le dire moi en tout cas on me le dit souvent, et je le prends comme un compliment et comme quelque chose qui va me faire continuer à avancer. Déjà, ça veut dire que ce n’est pas un disque qui ressemble à ceux d’avant, ça me plaît. Et puis, tant mieux, on me renvoie deux, trois choses sur certains textes ou la forme qu’a pris ce disque. Donc, on peut dire ça si on fait court. Oui allez, je prends.
AVoir-ALire.com : Vous nous offrez régulièrement des duos sublimes (Gaëtan Roussel : c’est gentil). Nous pensons à Vanessa Paradis (Tu me manques et pourtant tu es là), et plus récemment, dans votre dernier album, à Camélia Jordana et Alain Souchon. Comment le charme opère-t-il ? C’est le même à chaque fois ou c’est différent ?
Gaëtan Roussel : C’est différent parce que ce sont des artistes très différents, des voix différentes. Par exemple, sur le dernier disque que j’ai fait, Camélia Jordana et Alain Souchon sont deux voix différentes, deux générations différentes, deux manières d’aborder ce que ces deux personnes ont à raconter avec leurs voix et leurs textes différents. Moi ça me plaît. Alain Souchon, c’est un phare, donc ça a un charme très particulier, il chante peu les mots des autres. Camélia, elle chante ce qu’elle veut, j’ai été heureux de la retrouver, on avait chanté ensemble il y a une dizaine d’années. Donc, à chaque fois, c’est très différent. Vanessa Paradis, c’est une des plus belles voix qu’on ait en France, et c’était magnifique de passer du temps en studio et de temps en temps la retrouver sur scène. C’est toujours très différent parce que ce sont des personnes très singulières et très différentes.
AVoir-ALire.com : Foutaise que le talent selon Brel qui ne jurait que par le travail. Croyez-vous au contraire que chacun de nous a un don caché ?
Gaëtan Roussel : Chacun de nous a quelque chose à dire, il faut trouver le véhicule, ça j’y crois en tout cas. Après, est-ce que c’est vrai ? Je n’en sais rien. Par contre pour rebondir sur ce que vous dites, je crois que je travaille. Le travail, c’est quelque chose qui fait qu’on peut progresser que ce soit sur le chant, l’écriture ; c’est un muscle aussi donc ça se travaille, ça s’entretient. Et si on fait les bonnes rencontres ou si parfois on reconnaît quand des rencontres se font parce qu’il y a des gens qui disent "je n’ai pas eu la chance de rencontrer" : des fois c’est vrai et d’autres fois on na pas reconnu qu’on était en train de rencontrer quelqu’un. Si tout ça se mélange bien, on doit avancer et progresser. Je crois à ça surtout, aux rencontres qui vous font avancer.
AVoir-ALire.com : Vous êtes un fidèle du VYV Festival (2019 et 2022). Son concept vous séduit-il ? La Bourgogne est-elle une terre accueillante ?
Gaëtan Roussel : Oui, c’est une terre accueillante. Il y a de très bons vins en plus donc on se plaint pas. Et la démarche est belle. Et le parc est joli. En plus là, aujourd’hui, j’accueille sur deux titres différentes personnes qui viennent traduire mes textes en langage des signes. Donc je trouve ça super. Je suis très heureux. Quelqu’un m’a dit que j’étais le premier à revenir pour une deuxième fois : je suis flatté.
AVoir-ALire.com : Vous allez avoir cinquante ans le 13 septembre 2021.
Gaëtan Roussel : Octobre, ne me vieillissez pas (rires).
AVoir-ALire.com : Merci Internet pour les infos fiables.
Gaëtan Roussel : Ne vous inquiétez pas (rires).
AVoir-ALire.com : On reprend. Vous allez avoir cinquante le 13 octobre prochain. Une dizaine, ça se fête, non ? Ce sera plutôt une nuit parisienne ou une nuit ruthénoise comme vous êtes de Rodez ? Vous allez fêter cela ou et comment ?
Gaëtan Roussel : Dans le tourbus puisque je joue le 12. Je crois qu’on est à Lyon ou dans les environs. Après, je vais être avec tous mes camarades de tournée. Et voilà. C’est marrant, j’ai fêté mes quarante-neuf ans avec eux sur scène et je vais fêter mes cinquante ans avec eux en tournée. Donc, je ne sais pas, je serai entre deux villes le 13. Et je ne joue pas le 13.
AVoir-ALire.com : Comment parvenez-vous à concilier une carrière solo et la poursuite de la belle aventure notamment avec Louise Attaque ? Louise Attaque, on a l’impression que c’est parfois en sommeil mais que que ça va se réveiller. On est toujours dans l’attente d’une surprise. Une bonne surprise.
Gaëtan Roussel : Merci c’est gentil. Louise Attaque, le premier disque est sorti en 1997. En 2000, on a sorti le deuxième. En 2001 déjà, on sortait un disque de Tarmac, c’est-à-dire un groupe autre que celui de Louise Attaque qui est formé du violoniste de Louise Attaque, Arnaud, et de moi-même. Donc déjà très tôt, cette démarche d’essayer de travailler avec des gens autres, dans d’autres sphères musicales, me plaisait. Juste après Tarmac, il y a eu aussi Lady Sir avec Rachida Brakni où il y a l’arabe, l’anglais et le français qui se mélangent tout le temps ; avoir une carrière qu’on appelle solo, travailler avec des gens qui ont une base électro. Tout ça me plaît. Cela me permet de ne pas tourner en rond. Louise, c’est ma colonne vertébrale, on en a qu’un de groupe. Mais après, rencontrer des gens, c’est riche. Cela enrichit, c’est ça que je veux dire.
AVoir-ALire.com : Quelles sont vos sources originelles d’inspiration musicale ? Aux prémices de votre carrière ?
Gaëtan Roussel : Moi, il s’agit plutôt des Anglo-saxons. Bon alors, chanté en français, c’est Brel, Brassens, et Souchon qui était déjà là, quand moi j’avais une dizaine d’années, dans les années quatre-vingt. Après toute ma démarche musicale a été orientée par le Velvet Underground, les Clash, et un groupe acoustique américain qui s’appelle les Violent Femmes. Elle est là dans la manière de jouer, dans le côté groupe aussi, et après j’ai évolué, j’espère. Mais mes fondations, elles sont là. Nick Cave and The Bad Seeds, ça me plaît beaucoup. Je vous parle de ce qui m’a amené à faire de la musique quand j’avais une quinzaine d’années.
AVoir-ALire.com : Nous vous remercions infiniment Gaëtan Roussel.
Gaëtan Roussel : Merci à vous. Portez-vous bien.
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