Viens m’chercher

Après la face sérieuse de Kwal, et celle exotique de Black Baudelaire, Puzzle présente un rap déconneur et offensif. Mais au fait, le rap est composé de combien de faces ?

Vous avez trois secondes pour regarder la pochette, relier les points et dessiner la pièce. Né en 1996, après une série de maxi ronds, Puzzle sort son premier album carré, en 1999. Remarqué par le Fair et distinguée meilleure autoproduction Fnac de l’année 2000, le groupe s’évanouit. Depuis silence. "Puzzle tu nous as manqué, on croyait qu’t’étais mort..."
L’album commence par des nouvelles, bonnes a priori. Puzzle donne le laaaaaa dansant ("bidou bidou bidou whaaaa"), rigolo ("C’est pas d’la coke j’ai juste mangé une gaufre") et rentre dedans mon pote ("le pays des droits de l’homme c’est d’la France fiction"). C’est du Run DMC imbriqué dans US3 ou du Beaties Boys dans du Wiseguy et orchestré par le producteur Logilo (MC Solaar, Sages poètes de la Rue, Fabe...). Sample de Barry White sur Quartiers chocs , ou de chœur sixtie’s (Fais le toi-même), funk délié et groove des basses (L’homme moderne), Puzzle fait danser dans le bon sens sur des textes rap engagés et intelligents ("Je suis une foule qui a peur de son nombre"). Les arrangements suivent et craquent la pomme sur des accords de piano d’un "bouffe-moi le cœur si t’as l’estomac bien accroché", et claquent les pas de l’oie au son des cloches de vache laitière sur Si t’as pas de pays prends le mien. Puzzle ne cherche rien d’autre qu’à provoquer le rire (ne pas louper la bande-annonce d’Animal de compagnie), la danse, la colère, l’écoute active, une réaction salutaire et réconfortante et, jusqu’au titre, ne demande qu’à se rassurer sur la vitalité de ses compatriotes.