L’échappée belle
Le 19 octobre 2014
Cédric Kahn revient en forme avec une oeuvre qui évoque son Roberto Succo...
- Réalisateur : Cédric Kahn
- Acteurs : Mathieu Kassovitz , Céline Sallette, David Gastou
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h46mn
- Date de sortie : 29 octobre 2014
Cédric Kahn revient en forme avec une oeuvre qui évoque son Roberto Succo...
©Carole Bethuel
L’argument : Philippe Fournier, dit Paco, décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde.
Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali Fournier vont rester cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, communautés sont autant de refuges qui leur permettront de vivre avec leur père, en communion avec la nature et les animaux.
Traqués par la police et recherchés sans relâche par leur mère, ils découvrent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur d’une vie hors système : nomades et libres.
Une cavale de onze ans à travers la France qui va forger leur identité.
Notre avis : Tiré d’un fait divers, le nouveau film de Cédric Kahn nous entraîne sur les traces d’un père divorcé, adepte d’une vie marginale, en fuite avec ses deux enfants. Un démarrage sur les chapeaux de roue avec des moments intense d’hystérie familiale.
L’enfance est représentée comme l’initiation à la liberté. Le père, joué par Mathieu Kassovitz, leur refuse la scolarisation et leur impose un mode de vie autarcique, proche de la nature, illustrant l’opposition entre le rat des champs et le rat des villes. Cette première partie est un hymne à la liberté, une ode à la nature. Ce parcours hors de la société s’effondre petit à petit à l’adolescence, moment de prise de conscience, de doutes et de questionnements. Les enfants sont devenus grands, le rêve de liberté se fissure, ce qui apparaissait liberté se révèle carcan, les conflits éclatent. L’aîné se révolte.
Le film prend alors une autre dimension, l’égoïsme du père se révèle, sa psychorigidité se dévoile. Ce barbu à la mystique naturaliste dirigeant sa petite famille comme un patriarche sectaire, ne peut que soulever une inévitable résistance chez ses fils. L’affrontement devient alors inéluctable, le père reprochant à son engeance leur penchant consumériste inhérent à leur âge. Le fils cadet est tiraillé entre l’amour voué à son père et sa complicité avec son grand frère.
©Carole Bethuel
Vie sauvage est la version light de Roberto Succo. Là où Cédric Kahn dessinait la cavale meurtrière d’un schizophrène échappé d’un asile ayant tué ses parents, à la recherche de son identité, son nouvel opus est à nouveau une histoire de fuite, une tentative effrénée d’échapper aux normes de la société. Le portrait est peut-être moins saisissant, Paco s’avère moins possédé que son alter ego Roberto Succo, mais dévoile au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire un visage non moins inquiétant. De la montée progressive de la schizophrénie de Succo, l’on peut apposer la lente montée de la paranoïa de Paco qui rejette tout sur les juges, incapable de se remettre en cause, raide, droit dans ses bottes, joué admirablement par un Matthieu Kassovitz, audible et convaincant en père intransigeant.
Si une petite baisse de rythme affaiblit le film en son milieu, l’impression demeure forte et le cinéaste nous tient en haleine dans cet affrontement psychologique au sommet, grâce notamment à une direction d’acteurs sans faille. Céline Sallette, dans le rôle de la mère, présente seulement en début et en fin de film, est d’ailleurs impressionnante.
© Le Pacte
Galerie Photos
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Marla 2 novembre 2014
Vie sauvage - la critique du film
Merci pour votre article. Si l’égoïsme du père est plus visible en fin de film, Cédric Kahn en fait néanmoins un personnage étonnamment attachant : http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/11/la-vie-sauvage-kassovitz-se-met-au-vert.html