Restore hope
Le 24 décembre 2003
Un très beau roman, pas franchement subversif mais suffisamment critique vis-à-vis du rapport irresponsable des individus (ici, des Américains) à leur environnement pour y trouver le plaisir d’une littérature qui dénonce.
- Auteur : Barbara Kingsolver
- Editeur : Rivages
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Quittant Tucson et Carlo, son petit ami chirurgien, Codi retourne à Grace, la petite ville d’Arizona où elle est née, pour y enseigner les sciences naturelles au lycée où elle a elle-même suivi sa scolarité. Désorientée par le départ de sa sœur Hallie, pour une mission humanitaire dans un Nicaragua en guerre, Codi doit affronter à Grace les pertes de mémoire de son père atteint de la maladie d’Alzheimer. Et faire face aussi à sa propre mémoire en friche, qu’elle a choisi depuis longtemps de ne pas entretenir pour ne pas réveiller des souvenirs par trop douloureux : la mort d’une mère, la froideur d’un père silencieux, sévère et triste, une maternité précoce, accidentelle et avortée.
Consciente que la solution à ses problèmes a toujours été la fuite, Codi est néanmoins rattrapée dans son incapacité maladive à s’engager (dans des études, dans une carrière professionnelle, dans une relation amoureuse) quand elle découvre avec ses élèves que la rivière qui coule dans le cañon non loin de Grace et qui irrigue les vergers de la région est irréversiblement polluée par une société minière.
Si l’écologie, ou plutôt la menace d’un désastre écologique, n’est pas le sujet principal du roman, il fournit néanmoins à Barbara Kingsolver le prétexte vertueux à un questionnement critique sur le mode de vie américain (et occidental, serait-on tenté de rajouter) dans son rapport à la consommation, une consommation effrénée et irrespectueuse de l’environnement, des générations futures et des pays affamés par des embargos à visée géopolitique. Mais attention, qu’on ne se méprenne pas : Une rivière sur la lune n’est pas un livre-pétition ni un cours de morale. C’est un roman qui révèle, à travers de simples mais précises et précieuses descriptions, le spectre tout entier des couleurs du désert de l’Arizona et des coutumes des Indiens navajo, apache et pueblo. Et qui révèle aussi, à travers des dialogues minutieusement construits, mais qui ne ressemblent en rien à un artefact théâtral, des dialogues d’une légèreté toute vivante, et dont le propos est pourtant bien souvent très sérieux, la gamme toute entière des comportements que l’on peut adopter à l’heure de prendre une décision.
Donc, en plus d’être de toute beauté, de cette beauté douce et humanisée qui caractérise l’écriture de Barbara Kingsolver, Une rivière sur la lune est un roman (américain) où l’on s’insurge contre la facilité, où l’on doute de la raison du plus fort, et ça a quelque chose de profondément rassurant de savoir que ces choses-là s’écrivent et se lisent, aux Etats-Unis ou ailleurs.
Barbara Kingsolver, Une rivière sur la lune (Animal dreams, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Guillemette Bellesteste), Rivages Poche, coll. "Bibliothèque étrangère", 389 pages, 9 €
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