Lio et Galabru entrent en religion
Le 19 juillet 2018
Récit d’une éducation sentimentale et religieuse dans un contexte de cellule familiale en crise, cette première œuvre sensible a obtenu le Prix Jean Vigo 2010.
- Réalisateur : Katell Quillévéré
- Acteurs : Lio, Michel Galabru, Thierry Neuvic, Clara Augarde, Stefano Cassetti
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h32mn
- Box-office : 101.594 entrées France / 33.264 entrées P.P.
- Date de sortie : 4 août 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010
Résumé : Anna, une adolescente de 14 ans, quitte l’internat et rejoint son village. Elle doit profiter des vacances pour faire sa confirmation, dernière étape dans son engagement catholique. A son arrivée, elle découvre que son père, Paul, vient de quitter la maison. Elle retrouve son grand-père qu’elle adore et sa mère qui se replie dans une vie de plus en plus pieuse. Effondrée par l’abandon de son mari, elle trouve refuge auprès d’un prêtre et ami d’enfance. Anna fait aussi la connaissance de Pierre, un adolescent libre et solaire se souciant peu de Dieu. Elle cherche également à revoir son père. Au cours des expériences que traverse Anna, une part secrète d’elle-même cherche à se donner corps et âme. Est-ce à Dieu ou à quelque chose d’autre ? Quelque chose dont elle ne peut encore rien dire et qui la révèle...
- © Sophie Dulac Distribution
Critique : Après les réussites de La régate et des petits ruisseaux, l’année 2010 nous offre un autre premier long métrage de qualité, au carrefour des thématiques respectives (les affres de l’adolescence et l’hédonisme de la vieillesse) des œuvres de Bernard Bellefroid et Pascal Rabaté. Prix Jean Vigo, Un poison violent, présenté en mai 2010 à la Quinzaine des Réalisateurs, choisit de suivre le parcours intérieur d’une adolescente en phase d’affirmation indentitaire. L’essentiel n’est pas le contexte sociologique dans lequel se meuvent les personnages, à savoir l’univers de la petite bourgeoisie bretonne ancrée dans des traditions religieuses mais confrontée malgré elle aux changement des mœurs. Le discours archaïque de l’évèque (Philippe Duclos) sur la suprématie de l’esprit menacé par les périls de la chair n’est que le catalyseur du revirement spirituel d’Anna, extériorisé par une oraison funèbre délicieusement blasphématoire. La piété de la mère (Lio, grande tragédienne) n’est qu’un révélateur de sa névrose et de son attirance inconsciente pour le jeune et beau prêtre (le toujours ténébreux Stefano Cassetti), lui-même en proie à des tourments qui ne sont pas sans évoquer ceux de l’abbé Donissan dans Sous le soleil de Satan. Mais l’ombre de Bernanos ne plane pas trop sur le film, qui se veut avant tout un beau portrait de pré-adolescente dont la forte personnalité, au-delà de son apparence réservée, mêle maturité réfléchie, impulsion surprise et innocence touchante, son doute survenant à une période charnière (et presque charnelle) de son existence. On songe plutôt au Téchiné du Lieu du crime, surtout par la présence de cette cérémonie de profession de foi source de turpitude moins religieuse que familiale. Scénariste inspirée, Katell Quillévéré a aussi le sens de l’atmosphère, de la composition picturale et du rythme narratif, les scènes d’extérieur traduisant avec lyrisme les instants de liberté des protagonistes, loin du cadre sophistiqué d’intérieurs cossus mais étriqués. Opposant sécheresse et lyrisme, solennité et trivialité (la toilette et la grivoiserie du vieil homme), le film trouve un bel équilibre, à peine terni par un académisme un peu lisse dans certaines scènes. Il faut enfin souligner la finesse de la description des liens entre la jeune fille et son grand-père, vieil anarchiste anticlérical et aimant la vie au-delà de sa maladie, interprété par un Michel Galabru à son meilleur. Instants de détente narrative, ces séquences ne sont pas sans évoquer Little Miss Sunshine et dénotent une belle aptitude à la rupture de ton.
– Prix Jean Vigo 2010
- Sophie Dulac Distribution
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Jujulcactus 21 août 2010
Un poison violent - Katell Quillévéré - critique
« Un poison violent » n’a véritablement de violent que le nom, car le film fait preuve pendant 1h30 d’une incroyable molesse...Il qui traîte du dilemme entre la pratique religieuse et l’amour, mais n’arrive justement jamais à nous délivrer son message, que l’on tente bien de capter mais qui ne vient jamais jusqu’à nous ... En cause, une réalisation paresseuse, une mise en scène plate, un jeu d’acteur très moyen et assez répétitif malgré une distribution intéressante (la fille s’évanouïe, la mère pleure, la mère pleure, la fille s’évanouïe ...), les seconds rôles ne sont pas là pour relevé le niveau, Galabru en grand-père pervers ne fait qu’installer une sorte de malaise ... Pour son premier film Katell Quillévéré réalise là un film banal, sans personnalité, sans émotions, et surtout sans rythme, les scènes tirent en longueurs ... Et on trouve finalement ce qu’il y a de violent dans ce film : l’ennui ... A éviter !