Un jour, le soir – Giacomo Nanni – la chronique BD

Giacomo Nanni / Ici Même

Critique : Après Actes de Dieu, fauve de l’audace au festival d’Angoulême, et Tout est vrai, Giacomo Nanni poursuit sa poésie graphique avec Un jour, le soir. Publié dans un format à l’italienne, l’album fait entrer en résonance des cases muettes – une à quatre par page – avec un court texte qui narre les réflexions (ou plutôt les divagations) du personnage. Le dessin de Giacomo Nanni se fonde sur des trames, avec des points de couleurs variables espacés sur chaque case. Ces trames épousent le dessin à l’acrylique de l’artiste, qui a abandonné l’outil numérique utilisé dans ses précédents albums. Ce choix singulier fait toute la singularité et la poésie du trait de Giacomo Nanni, à l’aise aussi bien quand il s’agit de représenter un paysage, un personnage ou un suggérer une forme. Ce dessin se marie également parfaitement avec le récit méditatif, fondé sur les images mentales d’un personnage dont la pensée tourne autour de sa faim.

Giacomo Nanni / Ici Même

Derrière la poésie des mots et des images se révèle un récit d’une profonde tristesse : ce jeune homme, isolé, erre en fait en quête de nourritures, et ses pensées – parfois volontairement confuses – cherchent à le détourner de son estomac, mais finissent toujours par y revenir. Ce monologue intérieur est aussi un portrait de la solitude d’un homme qui vit pourtant en ville. La dernière partie du récit, assez étonnante, donne également une matière à penser au lecteur. En fin de compte, on ignore qui est vraiment cet homme, comme on ignore qui sont réellement les personnes que l’on croise dans la rue.

Giacomo Nanni / Ici Même

Un jour, le soir prolonge l’expérience graphique et narrative singulière de Giacomo Nanni, pour le plus grand bonheur de nos yeux. Une œuvre touchante, qui mérite d’être (re)lue.