Le 3 septembre 2014
- Scénaristes : Hervé Richez>, Manu Guillot>
- Dessinateur : Boris Guilloteau
- Genre : Roman graphique
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er septembre 2014
- Durée : 1
Un Grand Bourgogne Oublié est une histoire complète relatant la quête de Manu pour réaliser le rêve de son père : Produire un grand vin. Pour cela, il compte racheter les terres du clos de la Mollepierre pour y planter le cépage incroyable qu’il a goûté par hasard. Mais cette mystérieuse bouteille ne va pas livrer si facilement le secret de ses origines. Une histoire humaine riche en surprises, en découverte et en bons vins !
Résumé :
Manu, marié et père de deux enfants, aurait tout pour être heureux mais la vie n’est pas si simple. Voilà qu’il découvre par hasard une bouteille de vin extraordinaire mais d’origine inconnue. Pour Manu, tout s’éclaire. Il s’agit du vin qu’il doit planter dans la future parcelle qu’il a l’intention de racheter pour en faire un magnifique cépage. Le rachat du terrain de Mollepierre va se compliquer car Manu a contre lui un rival qui veut s’approprier le terrain.
Quant au vin mystérieux, Manu va remuer ciel et terre, parcourir la planète pour trouver son origine. Tout cela ne va pas aller sans nuire à sa vie de famille. Manu parviendra-t-il à réaliser son rêve ? Et surtout, son grand rêve ne risque-t-il pas de briser sa propre famille ?
Notre avis :
Une belle trame de départ qui a le mérite de nous plonger dans une enquête sans violence, sans action, mais assez rythmée. Une quête personnelle qui nous ouvre les portes du monde du vin.
Le héros, Manu, homme ordinaire, père de famille, veut simplement réaliser le rêve paternel. Ce qui différencie ce personnage du commun des mortels, c’est son entêtement passionné et passionnant pour mener sa quête. Tel un chevalier des temps modernes, il fonce partout, suit chaque piste, même infime dans le fol espoir de trouver son Graal, l’origine de cette mystérieuse bouteille fantôme.
Et nous suivons Manu, partageant ses émotions, découvrant ses amis, croisant les doigts pour qu’il trouve la vérité.
Le personnage est attachant, alliant qualités et défauts et surtout les défauts de ses qualités. L’exemple le plus frappant est son obstination qui lui permet d’avancer dans sa quête, mais qui l’éloigne de sa famille. L’intrigue est menée sur deux fronts : la chasse au vin et le rachat de la terre de la Mollepierre.
Evidemment, rien n’est simple pour le pauvre Manu, mais là aussi, pas d’obstacle improbable, de super-vilain ou de grand cambrioleur. Juste la rivalité, la jalousie, l’envie qui opposent deux hommes. Autant de sentiments négatifs qui sont suffisants pour bloquer Manu dans sa quête.
Un troisième point renforce l’intrigue : la famille de Manu, Tess et leurs enfants. Manu, absorbé par sa quête, obnubilé par ce vin, ne se rend pas compte qu’il en néglige durement les siens.
Il faut savoir, en plus de tout cela, que Manu, le héros de cette histoire, est inspiré directement de Manu Guillot, co-scénariste avec Hervé Richez. En effet, dans Un Grand Bourgogne Oublié, Manu Guillot raconte, mâtiné de fiction grâce au talent de Richez, un moment fort de sa propre vie.
Et cela ressort d’autant que les autres intervenants de l’histoire sont des personnages réels : sommeliers, cultivateurs de vin, anciens et jeunes, expert et spécialistes, ils sont là, ceux qui pourront vous ouvrir les papilles. Des personnages haut en couleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Pour en savoir plus sur cet intrigant nœud tissé entre les deux, un cahier de huit pages présente , encadré de photos et magnifiques illustrations, un texte de Richez où il explique la génèse et le développement du projet, et surtout sa rencontre avec Manu Guillot... et ses vins !
Nous pourrons simplement noter deux points marquants : L’enjeu familial aurait gagné en tension à être plus approfondi, plus présent. Mais là encore, on se doute qu’il est parfois difficile de concilier réalité et fiction. De plus, étant du point de vue de Manu, à le suivre dans ses recherches effrénées, tout comme lui, nous restons loin du cercle familial.
Un autre point qui aurait, à notre avis, apporté un plus à ce récit : sa durée. Par là, nous entendons la perception du temps qui coule. En effet, la quête de Manu s’étale dans le temps mais on regrette qu’elle se résolve si vite. Finalement, comme un bon vin, on se surprend à souhaiter que Manu le héros de l’histoire ait besoin de plus de temps pour trouver des réponses. Nous voulons dire par là qu’il manque des pauses dans l’histoire, des pauses temporelles, des pauses de vie, des temps morts, une façon de marquer le temps qui passe, inéluctable, inévitable, qui replace les étapes de la quête de Manu dans une temporalité plus longue. Nous ne souhaitons pas que la BD ait duré plus longtemps, mais qu’elle nous donne l’impression de durer longtemps, un mois, un an, afin que le rêve de Manu, tel un vin de garde, prenne encore plus de saveur qu’il n’en a déjà à être dégusté.
Au dessin, Boris Guilloteau opte pour un style simple. Des personnages aux traits proches du réel, tout en évitant un réalisme forcené. Les attitudes et les visages sont très expressifs, parfois presque trop. Les décors sont bien représentés, sans être trop présents. On n’est jamais perdu dans les lieux ni dans l’histoire. Les couleurs font place à un beau travail sur le noir et blanc et les multiples teintes de gris. Nous aurions pu craindre une ambiance terne imposée par ce choix graphique, mais il n’en est rien. Nous découvrons l’histoire de Manu comme passé au filtre du temps, sans rien enlever à la force du récit.
Quelques dessins de pause, marquant le temps, sont effectivement présents mais ils semblent étouffés par le cadrage. Il faut dire que l’enquête de Manu prend beaucoup de chemins et qu’il faut de l’espace pour tous relater. Mais nous trouvons cela un peu regrettable que ces respirations n’aient pu être plus creusées.
Le cadrage évoqué découpe les planches en une à quatre bandes de une à quatre cases. Tout en suivant cette ligne directrice, il aménage de beaux moments, comme la disparition des contours des cases quand le vin magique est goûté. Le cadre explose, les cases se mélangent, les dessins se rencontrent et l’imagination devient reine. Quel meilleur moyen de rendre à la lecture le goût d’un vin ? D’ailleurs, les seules notes de couleur sont liées à cette étrange cuvée et au bonheur qu’elle apporte.
Notons aussi le doux papier et la belle édition offerte à cette histoire, comme l’écrin d’une surprise. Sans doute, quand vous refermerez Un Grand bourgogne Oublié, aurez-vous envie de prendre le train pour aller du côté de Mâcon afin de rencontrer quelques uns des personnages de ce récit, voire même afin d’aller goûter les vins de Manu Guillot. C’est tout le bonheur que nous vous souhaitons.
96 pages - 18,90€
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