Aimer, même trop, même mal
Le 26 septembre 2022
Pour son dixième long-métrage, Catherine Corsini choisit d’adapter le roman autobiographique de Christine Angot et signe un film d’amour vibrant.
- Réalisateur : Catherine Corsini
- Acteurs : Virginie Efira, Niels Schneider, Iliana Zabeth, Estelle Lescure, Jehnny Beth, Coralie Russier
- Genre : Drame
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 2h15mn
- Date télé : 11 octobre 2023 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Un amour impossible de Christine Angot
- Date de sortie : 7 novembre 2018
- Festival : Festival d’Angoulême 2018, Arras Film Festival 2018
Résumé : À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d’une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c’est pourquoi elle se bat pour qu’à défaut de l’élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.
Critique : L’amour et ses passions extrêmes ont toujours nourri la filmographie de Catherine Corsini. Après La belle saison, histoire d’amour enflammée entre deux femmes sur fond de féminisme au cœur des années 70, elle raconte, à travers le destin tragiquement moderne de son héroïne, toute une époque.
Dans cette deuxième moitié du vingtième siècle, la domination du mâle est une évidence. Les femmes célibataires sont montrées du doigt. Avoir un enfant hors mariage vous propulse manu militari au rang peu glorieux de « fille-mère ». C’est pourtant le choix que fait Rachel (Virginie Efira). Tombée sous le charme de Philippe (Niels Schneider), un homme qui la méprise mais dont l’appartenance à une classe sociale supérieure et la beauté la fascinent, elle se persuade que sa fille, que son père refuse de reconnaître, est l’enfant de l’amour.
- Copyright Stéphanie Branchu - Chaz Productions
Autour de ce triangle amoureux père/mère/fille complexe, Catherine Corsini et sa coscénariste attitrée Laurette Polmanss bâtissent un récit scindé en trois étapes distinctes. Posant les bases de leur intrigue, elles se lancent dans la description de la relation déséquilibrée mais au charme indéniable entre une jolie jeune femme naïve mais sincèrement amoureuse et un garçon issu de la grande bourgeoisie usant et abusant de son charisme et de sa puissance sociale. Puis le ton se fait plus intime avec la concentration autour d’une relation mère-fille fusionnelle élaborée par une femme à la dignité admirable et qui, bien qu’abandonnée, élève sa fille dans le culte d’un père absent qu’elle ne désespère pas de pouvoir reconquérir même s’il ne cesse de lui souffler le chaud et le froid et n’hésite pas à la narguer en lui annonçant sans ménagement son mariage avec une femme plus conforme à son rang. Enfin le dernier acte nous laisse au bord de la tragédie quand survient la reconnaissance de Chantal par son père. Si ce brusque revirement semble sceller la victoire tant attendue de Rachel, il se révèle vite n’être que l’humiliation suprême que lui inflige cet homme que l’on découvre sous les traits du pervers narcissique.
- Copyright Stéphanie Branchu - Chaz Productions
Se démarquant du ton abrupt du roman, la réalisatrice préfère en exploiter la veine romanesque. La narration fluide et classique ne se place que du point de vue de Rachel et évite ainsi tout scène scabreuse. Associée à une mise en scène toute en sobriété, elle installe la juste distance entre le spectateur et les événements relatés en amortissant ainsi la cruauté et laissant à chacun la liberté de les vivre selon son propre ressenti.
- Copyright Stéphanie Branchu - Chaz Productions
Mais il est plus que probable que ce film n’aurait pas eu la même portée sans la présence de ce couple de comédiens choisis fort à propos. Virginie Efira a déjà moult fois prouvé qu’elle avait la capacité de se glisser dans la peau de personnages divers et variés. L’incarnation juste et nuancée de cette femme digne et à l’émotion sans cesse contenue lui accorde une nouvelle ampleur. A la fois forte et fragile, elle illumine de sa grâce et de sa détermination et inspire le respect face au désormais incontournable Niels Schneider dont l’allure de jeune premier à la beauté sans failles cache à la perfection l’ambiguïté et même encore davantage l’abjection.
Ecrit par deux femmes d’après le roman d’une femme, réalisé par une femme dans le but de retracer le destin de deux femmes, ce film place la relation mère/fille au centre de son propos, et nous invite à assister à une belle déclaration d’amour filial sur fond de courage et d’intelligence. Femmes, je vous aime !
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ceciloule 2 décembre 2018
Un amour impossible - la critique du film
Un bon film, effectivement, mais auquel manque la pudeur du roman de Christine Angot, et également sa concision. L’auteure a le don de dire beaucoup en peu de mots, en peu de phrases percutantes, et ce dynamisme, ce rythme manque, pour moi, à la réalisation de Catherine Corsini (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/12/02/un-amour-impossible-catherine-corsini/)
UkaFelin 14 mars 2019
Un amour impossible - la critique du film
Vous auriez du.
« Rendre à Jacques Brel ce qui est à Jacques Brel »
« Aimer, même trop, même mal »
« Aimer jusqu’à la déchirure - Aimer, même trop, même mal, - Tenter, sans force et sans armure, - D’atteindre l’inaccessible étoile... »
nani 17 juillet 2019
Un amour impossible - la critique du film
un beau film , des actrices super bien dirigées je pense au rôles de Chantal aux différentes phases de sa vie