Sous le soleil de Satan
Le 13 juillet 2022
Écho certain aux débordements rétrogrades de la Manif pour tous, La belle saison placarde sur les toiles de cinéma des affiches aux couleurs de liberté.


- Réalisateur : Catherine Corsini
- Acteurs : Cécile de France, Noémie Lvovsky, Bruno Podalydès, Kévin Azaïs, Izïa Higelin, Lætitia Dosch
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 26 avril 2025 22:35
- Chaîne : France 4
- Date de sortie : 19 août 2015

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Résumé : 1971. Delphine, fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial et gagner son indépendance financière. Carole est parisienne. En couple avec Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole se rencontrent, leur histoire d’amour fait basculer leurs vies.
Critique : Tandis que l’ombre de mai 68 se devine encore dans chaque recoin des rues de la capitale, deux femmes trébuchent sur leurs convictions. Dès sa venue à Paris, Delphine, fille de paysan, s’éprend de Carole, professeur d’espagnol et activiste au sein du Mouvement de libération des femmes (MLF). Elles entretiennent une liaison vite à l’agonie du fait de la situation familiale de l’une et conjugale de l’autre. Les entraves invisibles de la bienséances meurtrissent encore les rêves d’indépendance de chacune.
- © CHAZ Productions
Rat des villes et rat des champs, les protagonistes évoluent à contre-courant l’une de l’autre. De la métropole à la campagne, le couple passe de l’autre côté du miroir. Il est désormais irrémédiablement brisé. Fougueuse, l’introduction parisienne nous ballotte de réunions politiques furibardes en amours impossibles. L’arrivée des amantes dans un cadre plus rural introduit un intime jeu de perspectives, peut-être plus profond, certainement plus attendu. Sous les couleurs radieuses des paysages champêtres brûle le foyer mal alimenté de mentalités simples.
Avec beaucoup d’humour, La belle saison ajoute à ses situations une touche de rationalisme. Et le fermier de rétorquer à l’évocation du salaire des femmes « C’est déjà bien qu’on les laisse piocher dedans ! » Le film de Catherine Corsini (Les Amoureux, Partir), avec une certaine finesse bienvenue, s’essaie à un jeu de dupes où le perdant est celui qui abdique son droit le plus élémentaire : celui de choisir.
La gestion de la lumière, parfois poétique à l’excès, pare les paysages campagnards d’une aura appréciative. À trop vouloir s’éloigner des clichés, La belle saison ne parvient pas à empêcher leur reflet de miroiter dans un cadre trop sage ou un dialogue petit-bourgeois. Plus vaudeville franchouillard que fable féministe, le film illustre avec modestie une époque que l’on aimerait croire révolue. À tort.
- © CHAZ Productions