Le 28 février 2006
– Lire notre critique de l’ouvrage Le bar Floréal, photographie
Entre magie des lieux, travail et rendez-vous, rencontre chaleureuse à la galerie du bar Floréal.
A la galerie du bar Floréal, l’exposition Intimes et partage est encore visible que ses abeilles s’affairent déjà à d’autres projets. Entre magie des lieux, travail et rendez-vous, rencontre chaleureuse avec trois hommes de cœur.
Depuis 1996, Hervé Dez part régulièrement dans les Balkans. Touché par toutes les désillusions, ses photographies racontent le "trou noir" de l’Europe, ses initiatives redonnent de l’espoir.
"Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Yougoslavie, Monténégro, Macédoine, une économie noire au milieu de l’Europe, renforcée par la désillusion des nationalismes après la guerre." Ses photographies pointent du doigt le camp de réfugiés bosniaques, kosovars, serbes et croates de Gusinje au Monténégro, "laissé à l’abandon" [1] par le HCR, celui de Crnomelj en Slovénie où l’approche à grands pas du retour rimera encore avec survie. Des villages et des villes détruits. Des usines en attente de soi-disant investisseurs étrangers, des salariés en attente de salaires dérisoires. Au milieu de cette "transition amère", Hervé Dez et Jean Arnaud Dereims [2] - le journaliste et historien avec lequel il collabore depuis l’année 2000, veulent et peuvent encore y croire. Le festival de fanfares roms qui réunit chaque année ce peuple à des spectateurs serbes et qui a donné lieu à une exposition en 2003, Musique du vent, souffle des hommes, qui tourne actuellement dans les Balkans, en est un bel exemple. "Les Roms sont sédentaires dans les Balkans depuis plusieurs siècles. Si beaucoup d’entre eux vivent dans des bidonvilles, certains deviennent de riches entrepreneurs en Allemagne, en Hollande. Cela crée des tensions, des jalousies avec les Serbes qui ne parlent que leur langue maternelle et sont pauvres ." Le festival redonne l’espoir d’une fraternité.
Venu véritablement à la photographie en 1985, par et pour le théâtre, Jean-Christophe Bardot a parallèlement fait des études d’architecture. Un pied entre la France, le Mali et le Burkina Faso, il nous parle de ses travaux sur le paysage urbain.
Toulouse en 1997, Marseille en 2001, Rodez en 2002, les photographies s’inscrivent dans un travail sur cinq villes liées à cinq auteurs [3] qui ont pu revenir sur les images par leur texte. Ses photographies ô combien poétiques se suivent comme autant d’histoires différentes "où chacun peut se raconter sa propre histoire". Un temps pour coudre, un temps pour déchirer" , Jean-Christophe Bardot montre la continuité et la discontinuité de l’architecture, du paysage urbain. Un trou dans un mur dont la fissure semble prendre racine dans la terre, un homme qui passe devant une vitrine camouflée par deux pans de papier accolés. Autant de strates de vie que de pierres beaucoup plus muables qu’il n’y paraît ou comment saisir l’insaisissable.
Auteur de plusieurs reportages à Haïti et en République dominicaine, Olivier Pasquiers gagne la confiance de ceux qu’il photographie autour d’une table, chez eux, au sein d’ateliers. Anciens combattants marocains de l’armée française, handicapés, familles menacées d’expulsion. Une belle manière de les libérer et de ne pas oublier.
Nous... notre corps (2002). Les photographies d’Olivier Pasquiers, exposées dernièrement à la galerie du bar Floréal montrent des corps malades, des corps maquillés. Sans voyeurisme, l’atelier s’est tout naturellement inscrit dans la lignée des ateliers culturels de La Maison de Solidarité de Gennevilliers et a débouché sur un atelier d’écriture. Véronique Petetin les a animés. Le but était de "proposer à ces gens venant de tous horizons de choisir une photographie et de les faire parler sur leur corps malade". La Croix-Petit (2005). "La démolition de ce quartier de Cergy-Pontoise est déjà amorcée et la reconstruction finale n’est prévue que pour l’année 2010." Un goût amer de déjà-vu, de déjà vécu. Les intérieurs de l’immeuble sont vides et, pourtant, les gens qu’il photographie parviennent à sourire, à retrouver un peu de dignité. Les photographies où prévalent la couleur, le mélange des âges et des origines, donneront naissance à un livre auquel participera la conteuse Marielle Rémy . A l’instar du reportage, La Courneuve, rue Renoir...avant démolition, qu’il mena de pair avec André Lejarre en 1998, il sera distribué aux habitants.
Le site de l’association du bar Floréal
[1] le bar Floréal. photographie, "à l’Est, illusions perdues ?", texte de Françoise Denoyelle et le bar Floréal pour les photographies, Créaphis, 2005, page 157
[2] Autrefois correspondant pour RFI, le journal Le Temps, Jean Arnaud Dereims est actuellement rédacteur en chef du Courrier des Balkans. Hervé Dez et lui mèneront cette année des ateliers d’écriture à Maribor en Slovénie dans le quartier Rom. Par la suite, ils partiront en Macédoine
[3] Jean-Christophe Bardot a travaillé avec les auteurs Jean-Claude Izzo sur Marseille, Stéphanie Benson sur Rodez. Celle-ci publiera prochainement une nouvelle complète sur la série
Galerie photos
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