Le 24 août 2022
Un brillant album d’images qui bénéficie d’un matériau narratif séduisant et de réelles qualités techniques.
- Réalisateur : George Miller
- Acteurs : Tilda Swinton, Idris Elba, Kaan Guldur, David Collins, Ece Yücksel, Quaden Bayles
- Genre : Romance, Drame fantastique
- Nationalité : Américain, Australien
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h48mn
- Titre original : Three Thousand Years of Longing
- Date de sortie : 24 août 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : hors compétition
Résumé : Alithea Binnie, bien que satisfaite par sa vie, porte un regard sceptique sur le monde. Un jour, elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Mais Alithea est bien trop érudite pour ignorer que, dans les contes, les histoires de vœux se terminent mal. Il plaide alors sa cause en lui racontant son passé extraordinaire. Séduite par ses récits, elle finit par formuler un vœu des plus surprenants.
Critique : Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2022, Trois mille ans à t’attendre marque le retour à la réalisation de George Miller, sept ans après le triomphe public et critique de Mad Max : Fury Road. Production américano-australienne au budget de soixante millions de dollars ayant associé plusieurs compagnies dont Warner Bros, le métrage bénéficie d’une narration fluide et captivante, qui doit beaucoup au scénario coécrit par Miller et sa fille, Augusta Gore, d’après une nouvelle de A.S. Byatt. Le début pouvait certes inquiéter, avec l’histoire somme toute convenue d’une universitaire londonienne spécialiste en narratologie, se retrouvant à Istanbul pour présenter une conférence, et dont ont ne sait trop si les événements étranges auxquels elle est confrontée sont le fruit de son imagination, ou des phénomènes surnaturels qui la rattrapent. On songe d’abord à un esartz d’Indiana Jones, où à une comédie fantastique dans la lignée des Sorcières d’Eastwick, un jalon peu glorieux de la filmographie de Miller.
- © 2022 Metro Goldwyn Mayer, FilmNation Entertainment, Kennedy Miller Mitchell, CAA Media Finance et Elevate Production Finance. Tous droits réservés.
Très vite, la rencontre avec un génie (« Djinn ») trouvé dans un bibelot acheté au Grand bazar permet à l’histoire de trouver son rythme. Une série de flashback subtilement agencés (montage efficace de Margaret Sixel, épouse de Miller) fait baigner le récit dans une ambiance proche des Mille et une nuits, alternant avec la relation bien singulière entre Madame et son génie. D’un flacon jeté au fond des mers à un endormissement intempestif dans une cave, en passant par les tourments d’une esclave mathématicienne, le scénario est un véritable appel à l’évasion et n’abuse pas de la profusion des personnages et situations. Comme à son habitude, Miller témoigne aussi d’un indéniable sens visuel, et se trouve bien aidé par une équipe technique inspirée dont Roger Ford (pour les décors), Kym Barrett (les costumes) et John Seale (la photo). Et le film ravivera bien des souvenirs de cinéma. Ainsi, ses voyages dans le temps évoqueront Bandits, bandits de Terry Gilliam, Trois mille ans à t’attendre se situant entre l’austérité du Manuscrit trouvé à Saragosse de Wojciech Has et la légèreté des Visiteurs de Jean-Marie Poiré.
- © 2022 Metro Goldwyn Mayer, FilmNation Entertainment, Kennedy Miller Mitchell, CAA Media Finance et Elevate Production Finance. Tous droits réservés.
Quant aux relations entre Alithea et le génie, elles s’inscrivent dans la lignée des appariements singuliers, quelque part entre La Belle et la Bête de Cocteau et L’aventure de Madame Muir de Mankiewicz, voire La forme de l’eau de Guillermo del Toro. Ces références n’enlèvent rien à la singularité de George Miller. Ceci dit, on aurait aimé davantage d’audace de sa part. Car on a parfois l’impression de feuilleter un bel album d’images, consensuel et tout public, émaillé d’intéressants questionnements philosophiques, mais auquel il manque la griffe d’un véritable auteur. Cette réserve n’enlève rien aux réelles qualités artistiques et techniques de Trois mille ans à t’attendre qui permet en outre de retrouver une Tilda Swinton radieuse et délicatement expressive, après l’ésotérique Memoria. Et le duo qu’elle forme avec Idris Elba fonctionne à merveille.
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