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Le 3 octobre 2005


Yoko Tawada écrit l’errance des temps modernes, des clandestins aux nomades, et en réinvente les icônes.
Yoko Tawada écrit l’errance des temps modernes, des clandestins aux nomades, et en réinvente les icônes.
Une voyageuse du hasard emportée par d’improbables trains de nuit, une clandestine vietnamienne qui met sa vie en cinéma, les personnages de YokoTawada font de l’errance un art de vivre. Le seul chemin qui vaille la peine est celui qui ne mène nulle part, ou qui ne dit pas où il va.
Les éditions Verdier ont la bonne idée de publier d’un seul coup deux titres de cette auteure japonaise, l’un traduit de l’allemand, l’autre du japonais. Et curieusement, le hiatus qui pourrait se faire sentir entre les deux langues, les deux traductions, est imperceptible tant les deux textes sont parfaitement complémentaires et homogènes dans la démarche narrative de l’auteure.
Train de nuit avec suspects présente des itinéraires, des rails que va suivre la narratrice, d’une ville à une autre, dans l’anonymat d’un wagon où tout peut arriver, ou tout peut s’inventer. Une série de tableaux où l’étrangeté du lieu se conjugue à l’entre-deux ce ces nuits sans sommeil où le rêve ne dit plus qui il est, où la perception se distord dans le flou de la somnolence.
L’œil nu suit ce même principe de la structure qui sous-tend le propos. Chaque chapitre sera une scène de cinéma, un moment de vie d’un personnage de cinéma, plutôt, sur lequel vont se plaquer les doutes, les angoisses et les interrogations de la narratrice. Ce personnage, c’est toujours le même : C.D., nous dit-on. Comprendre Catherine Deneuve, qui devient pour la clandestine en mal de repère le modèle absolu d’un Occident incompréhensible. Chaque chapitre porte le titre d’un film de la comédienne, et chaque scène saisie sur l’écran éclaire d’un jour complice l’existence de la jeune femme.
Yoko Tawada, elle, nous perd à plaisir dans ces voyages infinis, dans cet effacement progressif des repères du monde et de soi-même où l’on ne survit qu’en oubliant jusqu’à son nom.
Yoko Tawada, Train de nuit avec suspects (traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi) ; L’œil nu (Das nackte Auge, traduit de l’allemand par Bernard Banoun), Verdier, 2005, respectivement 137 et 200 pages, 13 € chacun