Guerre du golf
Le 19 avril 2005
Attention, roman choc ! Pete Dexter dévoile la haine ordinaire de l’Amérique des années 50. Au centre, le personnage de Train, un black résigné, victime d’un pays qui refuse la différence et humilie ses fils.
- Auteur : Pete Dexter
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
L'a lu
Veut le lire
Pour un retour en force, c’est un sacré retour en force ! Pete Dexter, après Paperboy et Cotton point, publie un roman inspiré une fois encore par la brutalité ordinaire et la violence de la civilisation moderne. En l’occurence, il s’agit de l’Amérique des années 50, l’Amérique raciste dans laquelle les blancs rêvent de réussite, de réfrigérateurs XXL, de villas et de belles voitures, ce même pays dans lequel les Mexicains et les blacks sont jardiniers, boxeurs ou larbins, et marchent en fixant leurs chaussures par crainte de se faire lyncher.
C’est une histoire tristement banale, celle de Train, un ado comme les autres, caddie pour les blancs fortunés qui se détendent en tapant la baballe sur les terrains de golf. Un black, de toute façon, n’a pas le choix. Les terrains de golf, il les parcourt seulement en portant un sac bourré de clubs sur l’épaule. Au fond, ça ne le gêne pas tant que ça, Train, c’est dans l’ordre des choses. Dans la mesure où il a un boulot, il va pas venir se plaindre.
Jusqu’au jour où il rencontre Packard, un flic adepte des greens et de la petite balle blanche. Un flic de la vieille école, qui n’hésite pas à exécuter deux Noirs venus agresser une jeune femme sur son yacht pour illustrer sa conception de la justice. Hasard ? Coïncidence ? Les deux truands bossaient dans le même club de golf que Train. Et là, les deux histoires vont s’emmêler, les deux parcours se rejoindre. Un flic perturbé face à un gamin résigné...
Pete Dexter signe un roman d’une violence inouïe, une tragédie des temps modernes, un récit conduit de main de maître, dont chaque page laisse augurer du pire. Cette petite histoire vise à éclairer la grande, illustre une société stratifiée qui refuse d’ouvrir sa porte à une majorité pauvre, noire et silencieuse. Et c’est d’ailleurs ça qui estomaque le plus. Cette manière qu’a Pete Dexter de raconter la soumission, l’absence d’espoir et l’apathie. Cette manière de gratter ses personnages jusqu’à l’os, de les faire avancer, de les faire parler, de les confronter à leurs peurs, dans une langue qui suinte de haine, authentique et dure. Un Train à très grande vitesse, lancé sur les rails voilés de l’existence en guise de baptême du feu.
Pete Dexter, Train (Train, traduit de l’anglais par Olivier Deparis), Ed. de l’Olivier, 2005, 347 pages, 21 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.