Le 27 octobre 2016
Désireux de revenir à un son plus lourd après quelques grosses errances stylistiques, Korn revient avec un album à mi-chemin entre Take a Look in the Mirror et Untouchables. Il y a du mieux.
- Date de sortie : 21 octobre 2016
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Notre avis : En se concentrant sur les dernières années d’activité de l’un des fondateurs du néo-métal on craignait de ne plus jamais retrouver la splendeur d’une musique unique, lourde, où le côté grand public n’interfère jamais avec le travail musical novateur. Novateur parce qu’au delà d’avoir inventé en grande partie un genre musical, Korn s’est toujours évertué à créer chaque album de sorte à ce qu’il ne ressemble à aucun autre précédent (et suivant du coup) de leur discographie. En cela, difficile de supporter le groupe sur toute sa longévité (22 ans quand même) tant ils ont vogué sur de nombreuses sonorités. L’audace est là, mais par conséquent les ratés aussi, si bien que de Korn, on en attendait plus grand chose. Jusqu’à ce The Serenity of Suffering.
Soyons clair dès le début, si le groupe revient aux sources, ce ne sont pas celles de l’album éponyme sorti en 1994. Ne nous leurrons pas là dessus, le son crade, morbide et malade caractéristiques de ce premier disque, on ne le retrouvera plus jamais sinon en concert (faut pas trop rêver non plus). Heureusement, des (re)sources, Korn en a, de nouvelles et des bonnes pour chaque album (si l’on s’en tient à leur 10 premières années). Pour The Serenity of Suffering, ses sources sont celles de Take a Look in the Mirror et d’Untouchables, le premier restant probablement le plus rageux de leur carrière, et le second, un sous-Issues, en moins torturé et plus calme. Les bases sont donc assez solides pour se réconcilier avec une partie importante de son public, et, en-effet, à l’écoute de cet album on ne peut que se réjouir de l’initiation à ce rapprochement, que l’on espère saura perdurer pendant quelques années à venir, en se développant même bien plus. Parce que c’est bien sympathique de réunir un nombre conséquent d’attraits originels mais aussi très vain si d’un côté on décide de les lisser par une production omniprésente bien trop sophistiquée.
Sur de nombreux albums de Korn le mixage et les effets sonores occupent une place primordiale. Pour Issues, ils faisaient partie intégrante de l’expérience et de la réussite d’un album bien moins chaotique et plus épuré que Korn et Life is Peachy, où leur rôle consistait à enrichir l’ambiance torturée de l’intégralité des morceaux. Alors les riffs peuvent être aussi agressifs et accrocheurs que possible, le scream aussi puissant que possible, et la basse aussi lourde que possible, si la production décide d’apporter son grain de sel et les lisser pour mieux faire avaler la bouteille, elle le pourra. Sauf qu’en écoutant un album de Korn, la bouteille, on voudrait y voir de la vodka à l’intérieur, et on voudrait la boire comme telle, qu’elle soit forte, qu’elle nous arrache la tête, qu’elle nous déchaîne (attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération).
De la soupe, voilà ce que cette production nous offre au pire de sa forme, sur Take Me et son refrain parfait pour NRJ (les couplets y auraient plus ou moins leur place également) et Black is the Soul, malgré sa ligne de basse, pour les mêmes raisons. A tort, le quintet semble penser rassasier son auditeur en lui servant un pont après le second refrain, amplement plus violent que le reste du morceau, et porté par un scream bien intact de Jonathan Davis. Certes ces passages se montrent revigorant, mais le chemin pour y accéder n’en vaut pas toujours la peine.
Néanmoins, avec Korn, nos attentes ne peuvent uniquement se porter sur le degré de violence dégagé par les différents morceaux, le groupe n’a jamais focalisé sa musique sur ce point, et ne le fera sûrement jamais. L’efficacité de son style, son caractère glauque, réside plutôt dans un ensemble, qui, malgré les défauts évidents de The Serenity of Suffering, se distille ça et là dans des sons phares. Insane, Rotting in the Vain, The Hating, A Different World, Everything Falls Apart, Next in Line, autant de morceaux où le plaisir éprouvé par un groupe revenant à ses origines est équivalent à celui de l’auditeur. Jonathan Davis, malgré les années, n’a absolument rien perdu de sa fougue et nous sert un combo de phases, entre chant mélodieux, scream à en décrocher la mâchoire de Ron Perlman, chuchotement perturbé aux confins de la folie, chant à la voix vacillante du même acabit, cri de douleur, rap, chant mélancolique, et la liste est longue. La construction des morceaux repose sur une recette éculée et bien connue de tous, mais leurs contenus proposent tant de directions qu’au fil des écoutes se distingue cette grande hétérogénéité. Alors la production trouve sa raison d’exister, chargée d’unifier le tout, de mêler au sein d’un même couplet ou d’un même refrain plusieurs tendances antagonistes, au lieu d’adoucir des compositions musicales qui s’en passeraient bien, dégageant leur toute puissance lors d’introductions et de ponts souvent dévastateurs, et leur polyvalence lors des couplets mélancoliques d’Everything Falls Apart et de Next in Line, intelligemment effacées derrière le mixage atmosphérique et la beauté du chant.
Assurément le retour de Korn. Ou une amorce en tout cas.
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