RemuMixage
Le 11 juin 2002
Album hybride de l’alchimiste musical, en constante recherche du vinyle "ultime".


- Artiste : DJ Shadow

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Alchimiste musical. En constante recherche du vinyle "ultime", DJ Shadow sort The Private Press. Album hybride, au centre d’une fusion hip-hop, soul, funk et rock. DJ Shadow nous emmène loin, sur sa planète.
Pour cerner DJ Shadow, il faut savoir qu’il n’a pas grand-chose en commun avec le reste de l’humanité. Ce type, d’une modestie incroyable, est un réel génie du hip-hop. Au moment où celui-ci commençait à tourner en rond, Shadow est arrivé avec ses montagnes de vinyles. Il a pris ce courant à bras le corps et l’a déstructuré pour mieux le reconstruire en lui inventant plusieurs vies parallèles. Déjà son premier album, Endtroducing, s’est vite avéré être un essentiel de la dernière décennie.
DJ Shadow suscite au premier abord beaucoup d’interrogations. Est-ce un ovni ? Comment ce jeune blanc-bec, élevé au milieu du hard rock, peut-il être responsable de l’un des albums les plus importants du hip-hop ?
Dès les années 80, il s’intéresse aux groupes pionniers du hip-hop. Alors que la plupart des jeunes de sa banlieue de San Francisco écoutent Metallica et consorts, il ne jure que par Public Enemy, A Tribe Called Quest, Eric B & Rakim, Prince Paul... Et là commence son délire boulimique. Avec son collectif, il part en expédition (moment magique du documentaire Scratch, sur l’histoire du hip-hop au travers des DJ’s) à la recherche de vinyles. « To dig » : chercher, retourner, fouiller, explorer des sous-sols remplis de centaines de milliers de vinyles. Un travail de fourmi, qui sera à l’origine de la bastard pop. Mixer ce qui n’est, a priori, pas mixable.
La flamme de DJ Shadow vient de là. Son côté fédérateur aussi. Reprenant le flambeau des pionniers comme Africa Bambaata, il ne pose aucune limite à ses compositions. Pour lui, le rythme est aussi important que la mélodie, et surtout, il puise ses samples dans n’importe quel style musical. Le Funkadelic, Kool and the Gang, des voix rock 60’s et des guitares folk, le tout agrémenté de beat d’abstract hip-hop. Une musique instrumentale qui séduit à la fois les amateurs de hip-hop novateur, le public du rock indé et les adeptes de la musique électronique. La formule magique de ses débuts est toujours valable. Lorsqu’il rentre en studio pour The Private Press, il inscrit sur un papier les mots « non linéaire » et l’accroche en face de lui. Une nouvelle ligne de composition. Aborder cet album comme il ne l’avait jamais fait. Changer ses méthodes de travail pour aboutir à un résultat différent, tout en gardant ses bases et ses influences.
De rencontres fondamentales (James Lavelle, fondateur du label Mo’Wax, Dan the Automator ou Cut Chemist), de ses amis de longue date (le duo Blackalicious et Latyrx) et de sa monstrueuse collection de vinyles, Shadow retire toujours l’essence. Ce qui l’amène une fois de plus à nous prendre à revers avec The Private Press. Album étonnant, mine d’or pour DJ et expérience géniale pour mélomane.
DJ Shadow, The Private Press (Mercury - Universal) sortie le 4 juin